Raid 2018 du tour des Saint Hilaire de Vendée (85)
Jeudi 5 juillet 2018
Ainsi, ce jeudi matin 9 juillet sur la place de la mairie comme chaque année depuis 2007, a lieu le départ de la transhumance des amicalistes mais sans clarine ou clochette autour du cou, trop lourde à porter ! Point trop n’en faut !
Hélas « l’Equipe » n’a pas daigné envoyer de reporter pour ce grand moment. Contactée, elle le regrette beaucoup mais tous ses journalistes sont sur le Tour de France… pourtant tout proche. On n’est pas bêcheurs… je cherche ??? Je cherche ??? En vain, ben non, notre mairesse non plus ! Retenue par son petit déjeuner.
Oublions les fantômes, revenons aux présents et présentes.
Quels sont les martyrs au départ ?
Marc dit Marco, son pote Bernard, Pierrot, Jean-Pierre, Patrick, Jean-Philippe, Gérard et votre rédacteur… il manque le 9ème ??? Mais oui, plus habitué à le voir parmi nous, j’ai failli le laisser au fossé. Je cite Michel Barbin, dit Mimi voire Minou, notre doyen en âge, que je ne préciserai pas. Le coquet ne le souhaite pas. Il veut absolument revivre les doux moments d’années passés lorsqu’ont eu lieu les premières éditions des rassemblements. Pour mémoire notre premier raid a eu lieu dans le Cher en 2007 si ma mémoire ne me joue pas encore de vilains tours.
Nos accompagnatrices qui devront encore supporter nos caprices, voire nos humeurs ? Qui sont-elles ces saintes femmes ? Toujours les mêmes ! Il faudra penser à leur béatification.
Les deux Nicole, épouses respectives de Gérard et Patrick ou inversement, cuisinières et pilotes hors pair, enfin pas toujours pour cette seconde mission, quelques frayeurs passées ont laissé quelques traces indélébiles dans le subconscient de leur mari.
Patricia épouse de son émérite mari de rugbyman. A la très grande crainte de ce dernier, elle sera conductrice en chef de son camping-car. Enfin Marie, elle aussi aura la lourde responsabilité de piloter voiture et caravane de son doux seigneur.
On peut comprendre toutes les craintes légitimes de nos camarades.
Mais, pour toutes, quel courage et quelle abnégation !
Passons aux choses sérieuses, huit heures nous nous élançons.
80 kms pour la matinée en terrain plat. Beau temps, un peu de vent contraire mais pas de quoi s’émouvoir. Aucune difficulté en vue, la seule côte à craindre, se transforme en descente, celle qui plonge sur le Gué de Velluire, route qu’emprunteront les géants du Tour le surlendemain. De fait, prévoyants, quelques campings-caristes ont déjà pris position dans certains endroits stratégiques.
Nous croisons l’équipe Lotto qui reconnaît l’itinéraire. Assurément leur rythme n’est pas le nôtre. Heureusement nous ne faisons que les croiser. Les avoir derrière et nous dépasser, le déplacement d’air provoqué par leur passage aurait pu nous causer quelques ennuis.
Roui, roulons, d’un bon rythme nous rejoignons l’endroit du déjeuner après 81 kms. Avec beaucoup de volonté notre doyen a bien tenu malgré quelques moments d’incertitude. Ouais y’en a certains qui n’faisaient pas d’cadeau ! Fumier de lapin !, et qui de temps en temps se trompaient de route !
A présent tout est oublié, l’honneur pour ces dames de nous servir un repas sans doute pas vraiment mérité au regard de certaines étapes de jadis, mais apprécié sans retenue et complexes. Nous apprécions le service et consentons à ce qu’elles prennent place à notre table. Ce sera ainsi jusqu’au terme de notre mini-périple décidons-nous à l’unanimité !
Nous sommes à Saint-Hilaire-la-Forêt, premier des dix villages que nous devons traverser.
L’après-midi, notre peloton s’amenuise, suite à la désertion de Jean-Pierre et de Michel excusé. Nous ne sommes plus que sept. Nous poursuivons notre route. Le vent a forci, le plat pays pressenti ne l’est pas vraiment, de courtes côtes nous accueillent.
Après un rapide passage sans escale à Saint-Hilaire-de-Talmont, nous marquons un arrêt à Talmont-Saint-Hilaire. Un adjoint nous accueille aimablement autour d’un pot de l’amitié et brioche. Un sac avec casquette, T-shirt et autres babioles est remis à chacun de nous… assurément ces communes touristiques du bord de mer ne sont pas nécessiteuses, en témoignent la mairie, les équipements sportifs, un bulletin municipal d’une centaine de pages… La Vendée est paraît-il le second département de par son taux de fréquentation touristique. Il est vrai que les stations balnéaires sont légion et forment un chapelet quasi-ininterrompu entre l’Aiguillon, Noirmoutier…
Après cet interlude, nous nous éloignons de la côte et de ses effluves iodées avec bien des regrets.
Nous contournons au loin les Sables-d’Olonne.
Nous n’aurons pas vu la moindre vague de l’océan tout proche masqué par la végétation. Ben oui, j’avais cru comprendre que l’on faisait une petite pause avec baignade sur une de ces nombreuses plages. A cette fin je m’étais offert un petit maillot de bain rose avec fleurs, du plus bel effet ! Je n’aurai plus qu’à l’étrenner dans le marais.
Enfin, nous arrivons à Saint-Julien-des-Landes, but de cette première journée. Le camping à l’intérieur des terres est plus calme, il ne fait pas encore le plein. Pour nous, ce sera l’angle d’un champ mitoyen, le long d’une haie. L’espace ne manque pas.
C’est au tour de nos bienveillantes groupies de s’activer pour le dîner…
Malgré le grand calme de la nuit, nos insomniaques sont de sortie. Seuls leurs discrets mouvements arriveront à perturber le silence de cette nuit.
Marco et Bernard ont préféré aller retrouver leur douillet confort du côté de Courçon.
Aucun risque de se faire dérober un vélo, la garde est assurée ! Voleurs, passez votre chemin, un comité d’accueil est permanent, vous serez bien accueillis et en garderez un bon souvenir, les manivelles de crics de voiture sont prêtes !
Au matin, Pierrot est ravi. Il a eu tout le loisir de contempler la voute étoilée. Cette douce nuit passée dans sa spacieuse petite toile Queschua lui rappelle sa jeunesse passée chez les scouts. Grâce à l’ACP, il revit ces doux moments avec une nostalgie certaine. Il en redemande ! Quel dommage Pierrot, tu n’auras plus que la prochaine nuit pour t’épanouir et te souvenir de ces immémoriaux moments.
Pour la mise à jour de votre journal de route, quelques chiffres arrondis :
120 kms, moyenne : 23,3, près de 600 m de dénivelée, vent très gênant.
Vendredi 6 juillet 2018
Pour aujourd’hui, la météo s’annonce encore clémente et va nous accompagner tout au long de cette journée.
Nous évoluerons dans les confins Nord du département, dont deux passages en Loire-Atlantique.
Au programme de la matinée ? 90 km seront à parcourir jusqu’à Vieilles Vignes. Notre groupe est bien maigrichon. Notre bon Jean-Pierre exerce son droit de retrait. Ah il est loin le temps où il déclenchait ses sprints ravageurs pour nous rappeler qu’il y a plus de 40 ans, dans une autre vie, il excellait sur 1500 et 3000 m (en 8 minutes 21 secondes = soit 2’ 47 au 1000 de moyenne !) sur les pistes d’athlétisme.
Dans l’immédiat nous remontons la côte, jusqu’à Saint-Gilles-Croix-de-Vie et surtout collé à cette dernière Saint-Hilaire-de-Riez.
Nous ne marquerons pas d’arrêt. Aucun Saint-Hilaire dans cette partie nord-ouest du département, même pas sur les îles d’Yeu ou de Noirmoutier. Nous quittons définitivement la bordure sans avoir vu la moindre vaguelette pour nous enfoncer dans l’intérieur des terres.
Rien de particulier à signaler, mais tout de même à préciser une moyenne de près de 26 kms. Certes la dénivelée de 230 m n’est pas traumatisante, enfin le moral comme la météo est au beau fixe. Itou pour la troupe, le matériel, la logistique et ses logisticiennes, tout roule au mieux.
A Vieilles-vignes, hameau mal-nommé ! On n’en voit peu, nous sommes en Loire-Atlantique pays du Muscadet, Tonton y aurait versé des larmes d’émotion en abondance. Pour éviter tout risque de déshydratation, ce fléau, il l’aurait compensée par ce divin breuvage, mais en ce moment notre bon Tonton a d’autres priorités. Lieu du pique-nique, nous avons la visite du premier adjoint.
L’après-midi, Michel qui ressent des démangeaisons dans les mollets remonte sur sa selle. Nous retrouvons notre Vendée, contournons Montaigu et plein Sud attaquons notre retour, non sans être passé à Saint-Hilaire-de-Loulay, commune proche de Montaigu.
Direction Boissière-de-Montaigu distant de 26 kms où nous nous installerons pour la nuit.
Pierrot impatient de retrouver sa petite toile de tente nous oblige à appuyer davantage sur les pédales. Pour cette modeste distance pas question de musarder, c’est avec entrain que nous poursuivons notre pèlerinage.
Une douce chaleur nous accompagne. Le camping est vite atteint. Eloigné du village, très arboré, il est très vaste, un petit parc jouxte la zone « habitée ». Il entoure un petit étang squatté par des grenouilles. Quelques pêcheurs tentent de surprendre carpes ou autres poissons en nombre dans cette belle eau verte non polluée. L’endroit est vraiment bucolique
Une belle piscine avec toboggan accueille des baigneurs. Mais plus que la baignade, c’est la coupe du monde de foot qui accapare l’attention des gaulois en grande majorité en ce lieu.
Moment historique pour les afficionados du ballon rond, a lieu la demi-finale France / Uruguay
Pour cet évènement, la salle du bar affiche complet, des jeunes constituent le fan-club, des vuvuzellas sont de nouveau de sortie.
L’ambiance promet. De fait, l’équipe de France sur laquelle peu de spécialistes croyaient remporte cette rencontre. « Mais oui Thierry, les minots se qualifient pour la finale !!! » Les supporters exultent au coup de sifflet final. C’est la fête dans le camping.
Après cette victoire la nuit sera encore plus belle, de fait nos amis les batraciens de l’étang tout proche fêtent l’évènement à gorge déployée… Hélas, leur chant n’est pas forcément apprécié. Un peu monotone il finit parfois par irriter.
D’aucuns, les ingrats, animés de noirs desseins les verraient plus transformées en plat de cuisses de grenouilles persillées accompagnées précisément d’un muscadet.
Précision pour le journal intime : 120 kms, à noter le 26 de moyenne le matin sur 90 bornes.
Samedi 7 juillet 2018
- Bonjour Pierrot ! T’as bien dormi ?
- Quelle belle nuit ?! J’ai bien roupillé 4 heures. Sales bêtes ces crapauds !
Jamais content, c’étaient de magnifiques grenouilles vertes, ignare !
Après cette ultime nuit, ce petit déjeuner toujours pleinement apprécié. Nous goûtons pleinement ce dernier moment privilégié dans cet endroit champêtre. Après leur concert nocturne nos amies ci-dessus, se sont tues, incomprises, leurs vocalises peu appréciées. Elles roupillent à leur tour, leur aubade terminée.
100 km pour cette dernière matinée ? On a fait beaucoup mieux ! Maaaaais on s’en contentera !
Oui, tout paraît simple, quoiqu’en étudiant attentivement la carte, on peut observer une route sinueuse qui n’annonce rien de bon. La topographie de la partie Est de la Vendée n’est pas particulièrement plate et accueillante pour des cyclistes amateurs, nous dirons d’un âge mûr qu’est le nôtre. Bien au contraire.
Rapidement on entre dans le vif du sujet. Ce sont d’incessantes petites, voire moyennes côtes qui vont jalonner notre route durant toute la matinée et qui finissent par miner les plus aguerris. Nous sommes en pays de Chantonnay, c’est le pendant vendéen de notre gentillette Gâtine Deux-Sévrienne, mais ô combien plus bosselé.
Nous marquons une courte pause à Saint-Hilaire-le-Vouhis, bourgade d’un millier d’âmes. Monsieur le maire, sensible à notre motivation de traverser les Saint-Hilaire du département nous accueille, et nous promet qu’il nous rendra visite lorsqu’il viendra en vacances comme chaque année, au camping du Mazeau. Ce qui fut fait.
Don Juan Pédro del Puerto dé la Gachéra qui devait prendre notre roue n’est pas là.
Dégonflé ! I’ craint le chaud l’délicat ?
A Saint-Hilaire-du-Bois, rattaché à la Caillère-Saint-Hilaire, tout petit hameau dont les vaches nous voient passer comme des météorites, le maire et l’un de ses adjoints nous offrent boissons fraîches et brioches.
Peu après nous dépassons Saint-Hilaire-de-Voust.
La chaleur s’est installée et promet quelques suées et une fin laborieuse dans ce bocage. Nous poursuivons.
Michel n’y tient plus, il a des fourmis dans les jambes qui remontent au cerveau pour lui attaquer les neurones, la preuve ? Il laisse le volant de sa voiture et caravane à Marie… quel courage ou inconscience ?
Il nous rejoint dans ce relief haché, avec cette chaleur caniculaire bien présente. Le vélo devient tout sauf une sinécure. Faudrait pas qu’il lui arrive quelque chose à l’ancien ; qui ferait alors ses délicieux sablés à l’Angélique ? Pas de panique, la chaleur du fournil lui a appris à la supporter, ce ne sera sans doute pas notre cas.
On ne va pas dire que notre Etoile du Berger s’épanouisse vraiment, mais bon il est devant et donne le bon tempo.
Pierrot quant à lui, ses courtes nuits à admirer avec bonheur ces diamants scintillants que sont les étoiles lointaines dans l’infini du ciel ne l’ont pas marqué, il caracole et fait des envieux, hein Patrick ? Il a mal le Ronchon, mais il aime ça, chaque année, « on ne lui refera pas ! », et puis pas rancunier pour le Guide il remet ça. Les routes le long de la Sèvre entre Niort et Marans via Saint-Cyr-du-Doret sont tout de même plus sympathiques et lui conviennent mieux, non ?
Et Jean-Phi ? Bon c’est vrai, il regrette le temps des mêlées fraternelles où l’on se distribuait des pains et autres morsures à l’oreille en toute amitié ; mais dans ce bocage vendéen, la vie est belle, les côtes pas trop longues sont facilement digérés.
Sur ces saintes considérations, qu’à cela ne tienne, les derniers kilomètres sont en vue. Nous atteignons notre but de la demi-journée, Saint-Hilaire-des-Loges, qui est également le final de notre raid. Ce territoire hostile est derrière nous, quel soulagement ! La chaleur est bien installée.
Nos hôtes nous ont préparé un chaleureux accueil. Apéritif, melon au pineau, jambon vendéen comme il se doit avec mojettes, arrosé non pas de l’eau de l’Autize toute proche mais de bien plus reconstituant en polyphénols et gamma GT… pour nos corps affaiblis et déshydratés, rien de tel, et pour finir, tartelette aux fraises.
Suprême et délicate intention, une médaille commémorative des Saint-Hilaire nous est remise. Encore une médaille à fixer sur mon panneau, chic ! Manque plus que la Marseillaise.
Mais plus les bienfaits circulent sur les tables et les liens se nouent avec nos hôtes, plus il serait incongru et impoli d’abréger ce doux moment.
Certes, bien qu’ayant atteint notre but qu’était Saint-Hilaire-des-Loges, l’idée de poursuivre jusqu’à Saint-Hilaire-la-Palud est dans l’air. Qu’est-ce qu’une bonne heure de route en sus ?
Au soleil, la chaleur est étouffante, des risques d’insolation sont là, les routes seront peut être fermées pour cause du Tour de France, beaucoup de retard a été pris. On ne peut risquer un incident diplomatique en quittant la table prématurément et si généreusement pourvue….il faut bien trouver des excuses, les maillots jaunes et bleus exercent donc leur droit de retrait et termineront ce raid prévu… en voiture !
Mais non !, un irréductible tient à rejoindre notre Saint-Hilaire à vélo! Au fou !
Ainsi le Chef abandonne ses troupes qui succombent et préfèrent les plaisirs de la table au détriment de notre noble sport. Les pourceaux, ça pense qu’à se remplir la panse ! Il reliera seul la maison. Patrick l’aurait bien accompagné, mais après concertation avec Nicole, y renonce. Comme pour les autres la matinée suffit à son bonheur lui aussi.
Bien des gaulois !
L’année prochaine, promis, juré, seul un repas en fin de journée sera permis. Celui de midi sera constitué de sandwiches, Cristalline et pris sur la selle voire dans un fossé ! Il faut choisir entre faire du sport ou se goinfrer.
Le bilan de ces trois journées n’est évidemment pas comparable à celui des années passées, surtout avec cette mémorable huitaine qui nous a conduits au sommet du Ventoux.
Le but originel ? Relier une dizaine de Saint-Hilaire vendéens. Objectif atteint, aucun blessé, aucun incident technique particulier, comme pour les éditions précédentes, la bonne ambiance prévalait et laissera à n’en pas douter un bon souvenir à chacun de nous.
Encore un sincère merci à nos accompagnatrices toujours égales à elles-mêmes dans leur gentillesse et leur dévouement.
Raid de transition ?
Un peu plus 300 kms ont été parcourus, 23/24 de moyenne, 1800 de dénivelée. Restera surtout en mémoire ce samedi matin rendu éprouvant par ces 100 kms de montées et descentes agrémentées d’une forte chaleur, plus de 800 m cumulés ont été ainsi gravis.