Rassemblement 2007 à Saint Hilaire en Lignères (18)

03/03/2012 19:43

Deuxième rassemblement des Saint Hilaire de France

4 et 5 août 2007 à Saint Hilaire en Lignières (18)

 

Il était une fois Saint Hilaire la Palud…Saint Hilaire en Lignières.

 

Cette année 2007 restera gravée à jamais dans la mémoire des gentils membres de l’amicale cycliste paludéenne pour avoir réalisé une performance hors du commun, à savoir le ralliement à bicyclette du second rassemblement des St Hilaire de France, c'est-à-dire 288 kilomètres à la seule force du mollet ! Mais coupez la radio, éteignez la télé, découvrez-vous éventuellement, recueillez-vous et lisez ces quelques pages.

 

Ah, ce fameux dimanche matin de février, on s’en souviendra ! Il s’annonçait pourtant bien. Au programme, réunion plénière de l’amicale, galette des rois avec un p’tit cidre. En résumé, pas de vélo ce matin là, gris et frais de surcroît, donc grasse matinée et réunion. Au poil ! Mais quand le président donne de la voix pour nous annoncer le projet de rallier le Berry l’été venu lors du rassemblement des Saint Hilaire, cartes dépliées, le circuit est déjà établi : Les regards se figent ; pour ne pas trop affoler les troupes, les distances sont un tantinet raccourcies … 160 kilomètres le premier jour, et on arrive le lendemain… Ben ma douée ! À un moment où l’on fait une soixantaine de kilomètres le dimanche, va falloir retrousser les manches du maillot  et celles du cuissard et augmenter de façon significative le kilométrage parcouru, rouler de jour, de nuit, si l’on ne veut pas que cela se transforme en une marche de crabes dans le désert.

La brioche à la fleur d’oranger prend alors une toute autre saveur qui se rapproche du goût de rance, le cidre devient brutalement acide…

Aux regards interrogatifs et inquiets de ses brebis un moment égarées dans l’incertitude, le président se montre rassurant et propose une reconnaissance quelques temps plus tard. Présenté de la sorte, à défaut d’un élan de joie spontané, l’on repart dubitatif mais tout de même un peu plus rassurés.

 

La reconnaissance des futures routes empruntées est des plus édifiantes. Première constatation et pas des moindres, force est de constater que ça descend tout le temps, il y a plein de descentes ainsi que des faux plats favorables, alors les sceptiques allez vous entraîner et cessez de gémir, na !

- mais chef, j’comprends pas. On part du niveau de la mer et on arrive à plus de 100mètres d’altitude !

- Heuuu…ta goule !

- oui chef !

Seconde remarque plus pertinente, nous avons un vent d’Ouest très présent qui nous pourrit nos sorties depuis plusieurs mois, y’a pas raison que cela change, nous l’aurons dans le dos pour nous porter et nous propulser vers le centre de la France, à ce titre, porter des vêtements amples le jour J, le vent aura ainsi plus de prise dans nos pyjamas…

Alors là, chapeau bas ! Après de tels arguments, y’a plus qu’a applaudir le projet du chef et de présenter ses plus plates excuses pour avoir osé douter de son omniscience.

Certes, des 160 kilomètres annoncés la première journée, on les dépasse un p’tit peu de 20…30 kilomètres, en fait on sera encore loin de la vérité (l’inflation est décidément partout), chuuutttt y’a des questions qu’faut pas poser mais qu’importe, quand on aime on ne compte pas et pis ce p’tit vin au resto de Lignières était si bon, alors 20 ou 30 kilomètres de plus !

Allez, on adhère au projet. Merci chef de cette lumineuse idée que seul un chef peut imaginer.

Vain diou, n’est pas chef qui veut !

Et c’est ainsi que l’amicale cycliste, très enthousiaste, a décidé à l’unanimité de rallier les deux communes en vélo sur deux jours, les 3 et 4 août 2007. Quelle aventure, 288 kilomètres seront finalement bouclés ! À en détraquer nos compteur. Le sujet sera omniprésent dans nos pensées ou nos conversations lors de nos sorties durant les mois précédents cette expédition. Ce genre de marathon cycliste demande à l’évidence beaucoup de préparation, certains ont pu la mener à bien, hélas pour d’autres, en raisons d’obligations professionnelles, scolaires, familiales, elle fut plus difficile à réaliser.

 

Enfin nous arrivons dans le vif du sujet. Le jeudi 3 août, préparation de la remorque chez Patrick, contenant toute la logistique pour ce périple. Et oui, une nuit est prévue au camping de St Gaultier, pas question de dormir à la belle étoile, un couchage décent s’impose, faut ménager nos champions et les bichonner surtout après cette première journée qui sera éprouvante. Le « coach » tient à les retrouver en bonne forme pour ma deuxième partie de notre aventure et surtout pour que l’on puisse voir arriver des sportifs dignes de ce nom à St Hilaire en Lignières, et non des zombies hagards à faire peur aux enfants et à nos compatriotes supporters massés en nombre à l’arrivée comme nous le verrons plus tard. Des lits pliants, des matelas, les duvets, une batterie de cuisine pour permettre à notre fan-club rapproché de nous préparer un gentillet dîner au premier soir de notre étape… bref tout s’annonce pour le mieux, les sportifs pourront s’exprimer, pas d’excuses pour les défaillants.

En résumé, préparation de la remorque pour les uns, achat de victuailles pour les autres, préparation des casse-croûtes pour Marie et Michel, les glacières sont apportées, chacun se munit de son p’tit change complet pour faire le beau lors de la rencontre des St Hilaire et de ses festivités…le cuissard n’est tout de même pas très sexy, quoique… qu’en pensez-vous mesdames ?

On n’a rien oublié ? Le chef a comme à l’accoutumée préparé les pièces de rechange…

Allez, bonne soirée et bonne nuit avant ce grand bond dans l’inconnu que représente cette foutue distance que nos petits mollets de campeur ne sont guère habitués à « avaler ». A présent faut dormir, si possible « faut faire du jus », demain aura lieu l’heure de vérité.

 

 

Vendredi 4 août, 6 heures 30, Jean Claude est déjà sur la ligne de départ, impatient de manger du goudron. Patrick et Cédric, sa relève, arrivent à leur tour, pas très fiérots semble t-il, auraient-ils les mouillettes ? Suivent Jean Noël, Michel, notre vétéran Jean Claude et surtout Jacky notre aller ego de Saint Hilaire en Lignières qui a été accueilli chez Eliette et Jean à La Rivière. Il sera notre précieux guide au sens large du terme sur la fin de notre trajet.

Nicole et Marie, conductrices des véhicules chargés de la logistique, dont des victuailles, très important, arrivent elles aussi.

Nous voici au grand complet, coureurs arborant leurs nouveaux maillots et leurs accompagnatrices. Nous avons droit aux honneurs de la presse locale, Bernard Juin journaliste de la nouvelle République va immortaliser cet instant, itou pour Michèle Ghiragossian toujours prompte à mémoriser tous ces instants qui font la vie de la commune.

Photos, félicitations, encouragements, monsieur le Maire absent car il est déjà parti dans le Berry, en voiture lui… ; vite, faut partir car on va finir par se prendre la grosse tête !

Sapristi, l’heure c’est l’heure, et nous enfourchons nos bicyclettes à 07 heures, comme prévu (en fait il est à peine 7 heures), direction plein Est, où demain dans la matinée, si Dieu le veut (Inch’Allah), nous pourrons savourer ce moment de plénitude de la performance accomplie, c’en sera une, vraiment ! Mais pas de précipitation, il y a entre l’instant présent et le moment futur, oui il y a... excusez du peu, près de 300 kilomètres, rien que çà.

 

Allez c’est parti, nous quittons notre chère commune encore endormie, direction Niort (seulement pour un temps), il fait bon. Nous traversons ces petites communes, Chausse, Le Pont, Fontenay Rohan Rohan, maintes fois traversées en vélo lors de nos sorties dominicales, St Symphorien, Aiffres, Prahecq, Périgné, Brioux, récemment empruntées pour se familiariser avec cette asphalte pour le jour J, on ne rigole pas avec la préparation. Chef-Boutonne, Sauzay-Vaussais et nous quittons notre département, la Vienne nous accueille pour une longue traversée dans sa partie Sud. La météo est douce, il fait bon pédaler. Nous filons un bon train, les troupes de Jean Claude ont le moral au beau fixe, ça baigne.

 

10 heures 30, premier arrêt, quelques petites friandises avalées rapidement et c’est reparti. Direction Maison-Blanches, traversée de Civray, nouvel arrêt pour attendre notre vétéran, « les gamins » vont décidément trop vite pour lui.

Re-départ, Savigné, direction Montmorillon, tout va pour le mieux, le soleil est de la partie, les oiseaux chantent, les tournesols ne se tournent pas vers l’astre du jour cette fois, mais vers des chevaliers blancs-verts, que demande le peuple ?

La, Chapelle-Bâton, Usson du Château, 12 heures 45, ça y est, 100 kilomètres sont atteints. La logistique a bien suivi, quelle mauvaise langue osera dire ensuite que les femmes s’égarent toujours ! Nus retrouvons donc voitures et conductrices, grand soulagement ! Le peloton va pouvoir se détendre, reprendre des forces avec un solide casse-croûte bien réconfortant. L’endroit choisi est charmant, un joli parc traversé par une petite rivière courant,  une douce chaleur et l’onde rafraîchissante en incitent certains à prendre un bain de pieds. Quelle est belle la vie ! L’ombre de grands arbres nous invite à en profiter pour faire une petite sieste. Notre vétéran masse quelques mollets, certes ce n’est pas Carla Bruni, mais ça fait du bien. Nous voilà à présent requinqués pour le restant de notre périple.

Pour tous enfin presque, car notre vétéran III préfère poursuivre dans l’immédiat dans une voiture, son vélo est embarqué sur la remorque dépannage, aménagée à cet effet. Et oui, tout est prévu.

Pour les autres, en avant toute, nos 6 valeureux cyclistes replongent dans cette aventure, oh, chef encore combien de kilomètres ?... tais-toi et pédale ! On ne pose pas de questions qui fâchent ! Patrick a un p’tit coup au moral en déclarant qu’on est à moitié fous de s’être lancés dans cette aventure. Ah mais non, au contraire, il en redemande le plaisantin, il va encore nous pique une accélération dans la prochaine grimpette, en fait le mariole, il joue le registre de l’intox, mais chuuttt, cela doit rester entre nous !

Les kilomètres défilent à nouveau, traversée de Bouresse, le Deux-Sèvres sont loin derrière nous. Nous arrivons à Lussac-le-Château et nouveau regroupement des cyclistes et des voitures. Cédric, le cadet de notre équipe a un vilain petit point de côté passager et choisi de monter dans une voiture de logistique devenue pour la circonstance voiture-balai, pour quelques kilomètres, histoire de faire passer l’inopportun. De fait, peu après à la sortie de La Trémouille, ce petit souci n’est plus qu’un mauvais souvenir, il ré enfourche sa monture et nous rejoint dans ce concert de pédales (de vélo, pas de méprise).

Nous sommes aux confins de notre région, nous pénétrons dans le Centre par l’Indre.

Pour nous, l’humeur st toujours au beau fixe, ce qui assurément ne devrait pas être le cas du motard accidenté, dont l’état de la moto gisant encore sur la chaussée nous laisse supposer quelques grosses craintes quant à son état de santé.

Dans les bois que nous traversons, n beau sanglier gît dans un fossé , sans doute heurté par une voiture, le temps de rêver qu’un civet serait sans doute plus apprécié que des barres vitaminées, et qu’un p’tit vin bien corsé pour accompagner le goret passerait mieux qu’une fiole d’Isostar.

Arrêtons de rêver à ces considérations gastronomiques et re-concentrons nous sur notre épreuve. D’autant plus que ce maudit vent d’Ouest qui nous a tellement poursuivi de ses assiduités depuis l’automne et qui aurait été pour cette occasion une précieux allié, et bien non, il a décidé de nous importuner jusqu’au bout car il tourne à l’Est et le voilà à présent de face. Heureusement il a pitié et ne se montre pas trop virulent. De plus, les routes bordées de haies, de bois annihilent ses effets, plus de 150 kilomètres ont été parcourus, la fatigue, la lassitude commencent à se faire ressentir, l’aide d’Eole aurait pu être tellement appréciée. Tant pis, ce sera pour une autre fois. Sans doute pour aller un jour se baguenauder du côté de St Hilaire en Bourbonnais, dont à ce jour on commence à parler, des festivités, pas du futur rallye vélocipédique éventuellement susurré par quelqu’inconscient, quelle idée ?!

Est-ce l’approche de l’écurie, pardon du gîte d’étape, le président semble piaffer dans ses étriers, re-pardon, dans ses cale-pieds, il faut le ralentir pour rester groupés. Ouais, il y a encore des actifs qui travaillent durement pour payer la retraite des effectifs majoritaires de l’amicale, et ces derniers, les privilégiés, ont eu tout le loisir d’enchaîner les sorties supplémentaires, alors qu’eux, les actifs s’escrimaient à leur turbin. Voyez vous ce qu’ils font ces ingrats de retraités,  archi préparés en cachette ! Ils piquent des accélérations ! Jusque parmi nous l’inégalité prévaut, quel monde injuste ! Pas vrai Arlette ? C’est un scandale ! Se serait étouffé notre défunt Georges (Marchais).

Nous voici à Bélabre, courage Cédric qui n’a pas encore l’endurance des vieux chevaux que nous sommes, à 16 ans tu es en train de réaliser une magnifique performance, bel exemple de cette jeunesse qui pense plus à se laisser aller qu’à sur sang et eau sur un deux roues. Courage Patrick, encore une trentaine de kilomètres, on est bien conscient que tu n’as pas eu nos conditions de préparation, bien pire ta situation de jeune marié t’a détourné de celles-ci ; tu peines mais on est tous pareils, impatients d’en voir la fin. Ah si je tenais celui qui nous a entraîné dans cette galère ! Faudra qu’il règle la facture… un double apéro pour tous les suicidaires présents.

Jacky, très entraîné, maîtrise bien la situation, quoique peu habitué à des distances aussi longues. Notre Michel encore hésitant quant à sa participation des dernières semaines se porte comme un charme.

Bienvenue dans la Brenne, le pays aux mille étangs, que l’on ne verra pas car ils se situent plus au Nord.

La fatigue est notre nouvelle compagne de route, et pour cause, les compteurs s’affolent, 200 kilomètres s’affichent ! Du jamais vu pour nous, coureurs du dimanche, et sans EPO ni autre alchimie nauséabonde des ces pseudos champions aux perfs stupéfiantes mais dues en partie à la consommation de produits.

 

Le gars Jean Noël préfère les produits bien naturels du terroir et ne résiste pas à la tentation de ces pruniers chargés de fruits ; il marque un bref arrêt pour glaner quelques magnifiques reines-claudes gorgées de soleil et de sucre, histoire de récupérer des calories supplémentaires. Quel vilain défaut que cette gourmandise. Tiens, bien fait, le voilà puni car il casse une manivelle se son pédalier à quelques 3 kilomètres avant l’ultime arrêt de cette journée de cycliste, que dis-je, de bagnard. L’ex coureur à pieds n’a qu’à courir maintenant ! C’est la cata. Le biclou de son ancien n’a pas tenu le coup, il est obligé à son tour de monter dans la voiture-balai de Nicole. Quant à eux, les « survivants », ils touchent enfin au but de cette journée et atteignent le camping de St Gaultier pour un repos du guerrier ô combien attendu et entre aperçu dans des mirages lors de moments d’inquiétante euphorie consécutive à des états seconds (je sais, je sais, le narrateur exagère un tantinet).

Moment d’angoisse pour l’ex mili. Comment réparer à l’heure qu’il est ? Heureusement, Jacky qui se retrouve un peu dans son fief fait appel au copain qui apportera un (beau) vélo de secours le lendemain matin aux aurores. OUUUUFFF. On pourra continuer au grand complet. Immense soulagement.

 

Mais revenons à cette arrivée. Les compteurs affichent 210 kilomètres ! Chacun dans son fort intérieur exulte, ressent de la fierté pour cette authentique performance accomplie. Jacky le chronométreur attitré nous précise que la moyenne horaire, en excluant les arrêts bien sûr, serait de 27/28 km/h. Nous pouvons être fiers car effectivement nus avons bien roulé et étions bien conscient que nous filions un bon train, aidés en cela par la motivation, celle qui pousse à se transcender et à réaliser de beaux exploits contre toute attente.

Le plus dur est fait. Il fallait arriver à St Gaultier, nous y sommes conscient que demain, les 70 kilomètres seront comme dans un bon repas, l’excellent dessert que l’on ne laissera pas passer.

 

A présent nous pouvons apprécier doublement le cadre bucolique de ce camping ombragé, verdoyant, bordé par la Creuse. L’endroit est calme, reposant, nous apprécions de pouvoir changer ces vêtements humides de sueur. Que cette douche chaude sur une musculature mise à rude contribution toute a journée fait du bien !

Pendant ce temps, nos fidèles accompagnatrices s’affairent pour préparer le repas extirpé des glacières. Ce jour nous étions des sportifs, ce soir, nous redevenons des bons gaulois aimant manger et trinquer. C’est l’apéritif, puis résonnent ensuite deux ou trois agréables petites détonations chères à nos oreilles, signifiant que le rosé, le rouge vont requinquer nos carcasses affaiblies. D’agréables effluves de viande grillée nous chatouillent les narines et nous réveillent le besoin de satisfaire nos papilles. Elle précèdent le service de tendres et savoureux beefsteaks de chez Spar, l’un de nos aimables sponsors, que nous en soyons reconnaissants, et pour son aide matérielle, et pour cette délicieuse viande. Présentement merci à nos mitrons, Marie et Nicole pour le service. La fatigue de la journée est pour le moment oubliée et fait place à une douce euphorie.

Il faut penser au repos, les tentes sont dépliées, les couchages installés… Bonne nuit à toutes et à tous. Il est à peu près 22 heures 30 quand le marchand de sable va pouvoir passer

« Réveil, grasse matinée jusqu’à 6 heures qui disait le patron »

Las, à 5 heures 30 RRREEEEEVEILLLLL ! Pas du goût de tout le monde quand on touche au sommeil du soldat. Une demi-heure qui saute comme ça, surtout quand on est jeune marié…faut pas plaisanter avec ces choses là !

Démontage du campement, petit déjeuner réconfortant, cette odeur de café le matin à toujours le pouvoir de faire oublier une nuit incomplète. En effet, pour plusieurs d’entre nous, elle n’a pas vraiment été peuplée de doux rêves, de miss nous offrant une magnifique gerbe de fleurs avec quatre bises au son de la Marseillaise…nenni. En guise d’hymne national durant la nuit, nous avons eu le ronflement d’une usine dans les environs, qui pour ceux qui ont le sommeil léger, n’a pas été la meilleure des berceuses.

Les amis de Jacky sont ponctuels et apportent le vélo de rechange promis.

Enfin qu’importe, nous dormirons mieux demain soir dimanche à la maison. Présentement une fois, comme diraient les Africains, il faut se préparer et accomplir la seconde moitié de notre course, pour arriver en fin de matinée à Saint Hilaire en Lignières.

Et c’est reparti après cette nuit avortée. Il ne faut pas tarder, les honneurs sont au rendez-vous dans quelques heures.

7 heures 30, tout le monde est en selle excepté notre vétéran Jean Claude qui suivra dans un premier temps en voiture.

A peine sortis du camping qu’une petite mise en jambe a lieu avec un sévère raidillon, bref, mais qui réveille illico le muscle cardiaque.

Il le fallait, car dès la sortie de St Gaultier, c’est le plat du chef, avec du consistant, pour calmer les grincheux du matin, en l’espèce, une solide côte, pentue et bigrement longue en de beau début de journée. En fait, cet itinéraire est conseillé par le régional qu’est Jacky. Plus personne ne parle mais s’économise le souffle, sapristi c’est dur, un foutu électrochoc à 8 plombes du mat. J’ai le café au bords des lèvres…ah oui ! « Y disait qu’c’est la dernière difficulté du genre de ce long périple », au poil…mais sans préciser qu’il y avait encore 70 kilomètres derrière pour digérer ce petit interlude, pas moins. Cartes, après les 210 kilomètres de la veille, ça peut paraître une gentille promenade, n’empêche qu’il faut les faire. Arrivés en haut de cette longue côte, récupération avec de longs faux plats descendants, ça y est, les rythme est pris, les fatigues de la veille se sont estompées, ou du mois oubliées. Nous reprenons alertes dans l’air léger de cette matinée d’août. La moyenne oscille de nouveau à 28. Chapeau tout le monde.

Les p’tits massages pour certains gâtés, de kiné(e)s improvisé(e)s semblent avoir fait merveille, nous filons à nouveau vers notre Graal. Le revêtement des routes est parfait et participe grandement dans notre allure.

On traverse Velles, Ardentes, Arthon, St Août le bien nommé pour ce qui nous concerne. Dans ce village, Jean Claude, notre vétéran, sans aucun doute impatient de retrouver notre petit peloton, quitte la voiture suiveuse et repart avec nous.

Les kilomètres défilent à nouveau à nos compteurs, plus qu’une vingtaine de kilomètres. Allez, on s’accroche, mais assurément, pas lieu d’encourager quiconque, chacun animé de sa meilleure volonté de donne au maximum. Nous quittons l’Indre et pénétrons en territoire Berrichon, salut le Cher, les maraîchins arrivent !

Enfin les premières habitations de Lignières apparaissent, nous passons devant un joli petit étang, pas le temps de s’y arrêter, nos supportrices et nos supporters nous attendent. Voici les premiers applaudissements, bigre, ça fait du bien ! Plus que deux kilomètres pour rejoindre notre alter ego Berrichon. Nous apercevons les drapeaux, attention Saint Hilaire en Lignières, les forçats de la route arrivent !

Jean Claude notre doyen et notre cadet Cédric ont le grand honneur d’ouvrir la marche de notre petit peloton et de franchir les premiers la ligne symbolique de l’arrivée, en fait le lieu de nos festivités.

De très nombreux paludéens et d’autres participants sont déjà présents et nous applaudissent très chaleureusement.

Quel doux chant que sont ces vivats de visages connus et inconnus, toute fatigue s’évanouit par miracle. Nous venons de parcourir près de 300 kilomètres ! Pas mal hein ? Ah, dans les discussions d’initiés à venir, ça va en j’ter ! Sapristi, c’est pas de la roupie de sansonnet !

 

Nous ressentons assurément un mélange de grande fierté, de profond bonheur, de soulagement d’avoir réussi cette odyssée. Les longues séances de préparation ont payé, encore une fois pour ceux qui ont eu la chance et le temps de les faire. Comme toujours dans ce genre d’exercice, les plus méritants sont ceux qui justement n’ont pu bénéficier de la meilleure préparation, n’est-ce pas le jeune marié ? Durant ces longues heures de selle, ils ont eu tout le temps de méditer que décidément, le monde est injuste.

Chapeau bas à Michel qui, sans beaucoup de préparation également et pas trop volontaire un mois avant, ceci entraînant cela, a très bien réussi ce pari fou.

Après avoir vilipendé (gentiment) l’inconscient qui avait pensé et organisé cette folle chevauchée, c’est bien français n’est-ce pas ?  A présent, en ce jour saint, chacun bénit ce bienheureux… et en redemande pour 2008.

 

Et après l’effort le réconfort pour reprendre bien connue ! Tous aux buvettes et que la fête commence ! A nous les festivités.

 

Jean Noël