Rassemblement 2008 à Saint Hilaire en Bourbonnais (03)
Echappée de l’Amicale Cycliste pour le troisième rassemblement des St Hilaire
Saint Hilaire en Bourbonnais les 26 et 27 juillet 2008
Préambule
En 2007, vous aviez lu avec émotion les exploits de vos coureurs de l’Amicale Cycliste Paludéenne (ACP), forts de leur succès et de leur réussite, et portés par cet élan de sympathie que vous leur aviez manifesté, les mêmes ont décidé de remettre çà en 2008 à l’occasion du rassemblement des St Hilaire. Cette année encore, celui-ci se déroule dans le centre de notre douce Gaule, à 100 kilomètres plus au Sud de Saint Hilaire en Lignières, dans l’Allier, à Saint Hilaire en Bourbonnais.
Nouveau défi pour nos valeureux pédaleurs fous car cette année, la distance est nettement supérieure, l’inflation cette sangsue, finira par nous avoir…
Retour en arrière. En ce lundi de Pentecôte, fin de journée, il fait beau. Réunion des braves ou inconscients au grand complet. Deux nouvelles recrues, des innocents complètent le club pour ce projet, René qui n’avait pas pu être des nôtre en 2007, et le p’tit dernier inscrit à l’ACP depuis mars, Joël, au regard des anciens, un gamin de quadra qui fera baisser la moyenne d’âge de l’honorable amicale.
Sujets évoqués, la sortie dominicale de fin juin, une classique où l’on se déplace à La Tranche sur Mer en tandem, histoire de passer une journée conviviale et fort sympathique partagée entre joyeuses agapes et bain revigorant à la plage pour dissiper certaines vapeurs… pas de problème pour ce sujet, il fait l’unanimité et si le beau temps est de la partie, ce sera formidable… il le sera, et la journée est une réussite. Attention petit bémol monsieur le président, faudra éviter l’année prochaine de se retrouver au nombre de 13 à table, quitte à inviter un SDF à la dernière minute. Faut ménager les superstitions. Quand on est chef, faut penser à tout, même aux détails !
Second sujet, l’échappée pour rejoindre le rassemblement des St Hilaire. Il est remis à chaque « bienheureux » un jeu de copies de cartes reliées entre elles où le projet de l’itinéraire est surligné. Chapeau bas pour l’organisateur et le penseur (même (odieux ?) personnage) de ce projet qui peut sembler un tantinet utopiste. Pour présenter ce dernier, il est préférable de caresser dans le sens du poil toute l’équipe et de présenter quelque chose de mûrement préparé et surtout réfléchi, nous ne sommes pas des professionnels et ne pouvons compter sur l’aide providentielle de l’EPO 3ème génération. Seuls nos mollets pourront nous conduire dans l’Allier.
Revenons à cette belle carte composée de photographies en noir et blanc reliées entre elles. Rapidement chacun la déplie. Elle nous dévoile ce que nous étions impatients de savoir, l’itinéraire.
De prime abord, cela semble correct, une belle ligne verte de stabilo (optimiste le président !) épouse les petites routes au maximum et nus indique notre chemin à suivre, elle louvoie et suit à peu près une ligne droite imaginaire entre nos deux communes sans trop s’en écarter. Question qui fuse rapidement, quelle sera la distance à avaler ? Bof, à peu près 360 kilomètres mais sur trois jours. Soit 170 kilomètres le premier jour, 130 kilomètres le deuxième et un long sprint de 60 kilomètres pour arriver. Dire que tout le monde applaudit serait assurément mensonger, non, une certaine circonspection s’installe. Les 210 kilomètres effectués dans la première journée l’année dernière ont laissé quelques traces dans le subconscient.
Tiens, mais c’est quoi ce coup de stabilo qui remonte à Saint Hilaire en Lignières ?Mmmmh, mmmmh, le président s’éclaircit la voix pour préciser qu’un p’tit crochet peut être envisagé à St Hilaire en Lignières pour effectuer un regroupement avec deux cyclistes, dont Jacky, notre guide de l’an passé. Comme prévu de longue date, ce dernier nous accueillerait la dernière nuit, celle du vendredi à samedi. Concrètement, c’est une rallonge d’une trentaine de kilomètres, conséquence : l’étape du samedi matin bondirait de 60 à 90 kilomètres !
A cette déclaration, chez l’un le regard monte au ciel, semblant chercher un réconfort illusoire dans le bleu profond du ciel, un autre se racle la gorge, replonge le nez dans la carte, on roule des yeux pour ce qui semble être une incongruité, les derniers inscrits doivent se demander s’il n’aurait pas mieux valu aller à la pêche plutôt que de se retrouver à cette tablée entourés de gentils inconscients certainement shootés au pineau qui sait ! Avoir de telles idées pour les modestes rouleurs que nous sommes dépasse l’entendement. Un rapide calcul mental amène à une somme de près de 400 kilomètres ! C’est bien ça, ils sont complètement illuminés dans le marais !
A cette proposition et c’est bien réel, en empruntant ce dernier itinéraire et de détour, on se rallonge de plus de 30 kilomètres, soit plus d’une heure de route, ce qui sera important le samedi matin après la fatigue accumulée des deux précédentes journées. De plus, nous aurons une route faite de nombreuses montées et descentes, et nous ne sommes pas habitués à ce genre d’efforts. Remarque récurrente, les conditions de préparation seront toujours identiques, il y a les favorisés d’inactifs et les autres qui ne pourront compter que sur le petit entraînement dominical. Et oui, on ne joue pas dans la même cour !
Blablabla. Le débat s’éternise sur le détour à St Hilaire en Lignières, à l’évidence le chef n’a pas l’aval de la majorité de ses troupes, la décision est remise à plus tard. Ce projet est finalement remis aux calendes grecques, en clair il est quasi avorté car nous n’avons plus de nouvelles de Jacky, notre éventuel hôte à Saint Hilaire en Lignières.
Finalement nous restons sur le projet initial avec deux lieux d’étape, à La Trimouille le premier soir et Vesdun pour la seconde nuit. Ce projet semble plus facile à réaliser qu’en 2007, nous n’aurons pas cette étape marathon de plus de 210 kilomètres sur la journée. Reste plus qu’à brûler des cierges en notre bonne église pour invoquer notre saint patron Saint Hilaire pour qu’il sollicite Eole, un bon vent portant d’Ouest qui serait assurément le meilleur allié pour notre seconde aventure ; Après tout, il peut nous faire cette petite faveur car nous allons porter haut les couleurs de Saint Hilaire précisément.
Certains sont dans l’attente du Grand Soir (très hypothétique), nous, nous attendons le Grand Jour du départ. Mais sapristi, deux mois, c’est bigrement long. Pour tromper cette longue attente, relativement angoissante pour certains, n’est-ce pas Président, la grande classique de La Grière que nous rejoindrons en tandem nous permet de passer une journée de détente des plus sympathiques, histoire de resserrer les liens de notre petit club. Toutes les forces vives de l’amicale ont répondu présent ou présente, la météo s’est de plus invitée à la fête. Après le déjeuner, nous allons distiller la plage. En somme, un avant goût de la grande vadrouille à venir qui arrive très vite.
Nous y sommes enfin, le 23 juillet, c’est la fièvre du mercredi et des préparatifs. Le temps est ensoleillé et nous laisse espérer une bonne météo, normal en cette seconde quinzaine de juillet. L’année dernière nous avions deux voitures suiveuses, nous en aurons quatre pour la première journée, conduites par notre fidèle fan-club : Marie, Maryse, Nicole et Céline, on perçoit le sérieux de cette échappée. Avec une telle mini caravane, la logistique, gage de réussite, ne devrait pas faillir à sa mission, nous soutenir (faut pas dire nous supporter) :
- Matériellement, réparer les pannes techniques qui ne manqueront pas d’arriver,
- Physiquement, physiologiquement, oui, nous pensons tous à d’éventuels soins médicaux, frottements à nos différentes callipyges talées, échauffées, malmenées par des longues heures de selle, massages musculaires dans un seul but thérapeutique bien évidemment, n’est-ce pas biquet !
- Psychologiquement pour traite (moralement pas plus !) un gros coup de pompe,
- Et le plus important pour les gaulois que nous sommes, faire en sorte que la table ne souffre d’aucun oubli, à commencer par l’apéritif dont cette boisson à base d’orge principalement qu’est le whisky, on peut oublier les rustines mais pas le pur malt. Hein Patrick !
Vive le vélo
Tout est prêt ? Toute l’intendance est chargée ? Notre gentil p’tit Jojo à son duvet ? Nicole, très sérieusement, t’as pas oublié le Sir Edwards, s’inquiète son doux époux qui pressent qu’il aura besoin de réconfort aux étapes autre que spirituel ? Non ! Ok, alors on a tout !
Dernières consignes du président. Demain matin, rassemblement à 6 heures 45 pour la rafale des prises de vues. 7 heures, DEPART ! Oui CHEEEEFFFF ! Tiens, ça rappelle quelques souvenirs du fond du subconscient des jeunes années que la jeunesse actuelle ne connaîtra pas. Hélas pour certains troublions des banlieues qui auraient connu là une thérapie bienfaisante pour le plus grand bonheur de la société.
Mais revenons à notre sujet.
Faudra être beau, tenue uniforme pour tout le monde avec le nouveau maillot blanc et vert, couleur de l’espoir (il en faut), mentionnant nos généreux sponsors, Spar et la Satrac. Tiens ça rappelle quelques souvenirs.
Premier Acte
Première journée, la mise en jambes
Jeudi 24 juillet 6 heures 30, les premiers commencent à arriver sur la place de la mairie. Ô miracle, tout le monde est ponctuel pour la photo, les titulaires de l’aventure dirons-nous, Jean Claude Ecotière (entendu parfois appelé Coco) notre président, Patrick (dit Patou plus rarement mais à développer), son fiston Cédric Juin, Michel Barbin (dit Michou ou Mimi selon l’humeur), Jean Noël Pacorel, René Brisson (dit Biquet) et le p’tit dernier, Joël Jacquot (dit P’tit Jojo), il est conseiller de se familiariser avec tus ces pseudos, vous les verrez souvent dans le texte. Notre fan-club arrive, Maryse, Nicole et Marie au volant des voitures transportant tout notre bien-être, René le privilégié a pour lui seul son véhicule et Céline, le chauffeur, sa psychologue, kiné toute particulière pour les durs moments qui ne manqueront pas d’arriver lorsque les kilomètres, le vent, la pluie, les côtes, les longues heures de selle saperont le moral de nos vaillants, ainsi que les guiboles et tendres fessiers durement éprouvés. Faut pas rigoler ! Ca y est, la caravane est complète, on est quasi-prêts.
D’autre ont choisi avec beaucoup de courage (ou d’inconscience) de partager avec nous sur le goudron, quelques doux moments de cette aventure en fonction de leurs obligations professionnelles ou encore de leur forme du moment, en effet, ne s’entraîne pas qui veut, mais surtout qui peut.
Tiens, notre doyen Gaston est venu pour la photo et nous encourager. Il a bien retenu la leçon de l’an passé qui l’avait fait rater le cliché immortalisant ces grands moments qui écrivent l’histoire de notre petit club, ainsi le voilà bien présent, à l’heure.
Et c’est ainsi que Martial Regrenil et Francis, de Spar, viennent renforcer notre détachement. Ils nous laisseront à n’en pas douter, partir avec regrets, et nous rejoindront ce soir à La Trimouille, qui plus est, avec le ravitaillement solide et liquide…qu’ils soient les bienvenus ! Connaissant la qualité des produits du rayon boucherie – charcuterie, nous ne devrions pas être déçus…
Monsieur la Maire est présent et nous prodigue ses encouragement, Michèle sa compagne, toujours fidèle supportrice est là pour fixer sur le papier (ou CD, évoluons !) ces moments importants de l’ACP.
En cette heure matinale, une p’tite fraîcheur règne, reflet d’un été qui tarde à se réchauffer vraiment. Le ciel est clair, parsemé de quelques nuages. Tiens, en coureurs avertis, on repère une légère brise d’Est, du mauvais côté, qui se manifeste déjà dans la cime des platanes bordant la place ; Pas bon signe.
Mais on revient à l’euphorie du moment qui entoure toujours l’instant des photos et précédant le départ.
Les flashs crépitent, clic-clac, les photos sont prises et reprises par les intimes et par la presse locale, Courrier de l’Ouest et la Nouvelle République. Parait que l’Equipe sera présente l’année prochaine. Sourires de circonstance, plaisanteries. Les esprits commencent à divaguer sur ce qui nous attend, et le cortège de difficultés physiques, morales et techniques qui ne manqueront pas d’arriver inévitablement au cours de cette Echappée de 400 kilomètres.
Eh, eh, les deux journées et demie suivantes le confirmeront.
C’est parti, les sept courageux s’élancent lentement mais sûrement, direction plein Est, comme en 2007.
Sapristi, le premier kilomètre n’est pas encore bouclé que l’on doit s’arrêter devant les pompes funèbres locales pour remédier à un petit problème de roue sur le vélo du p’tit Jojo. Mauvais présage ? Le fantôme d’un pensionnaire jaloux encore tiède de chez Pouzet aurai-il décidé de nous pourrir la course, ou de nous faire une frayeur ? C’est sûrement ça l’incident très bénin est très vite réparé, nous rechaussons les cale-pieds, c’est reparti pour de bon. Nous avalons cette première côte à la sortie de notre commune qui a le mérite de nos faire prendre rapidement le rythme. Notre Michou nous a promis les croissants à Maisons – Blanches en intercédant auprès d’un ancien confrère boulanger.
Allez, c’est parti pour de bon !
Confirmation, hélas dans la campagne, la brise d’Est remarquée un quart d’heure plus tôt s’est malheureusement invitée et l’indésirable va nous durcir un tantinet notre projet qui n’avait pas besoin de cette traîtresse.
Nous reprenons le même itinéraire que l’année dernière, puisque demain soir vendredi, nous devons rallier St Hilaire en Lignières comme brièvement envisagé, puis repoussé, où nous ferons finalement étape chez Jacky.
Dans l’immédiat, nez dans le guidon, nous nous dirigeons dans le Sud du département, en évitant l’agglomération Niortaise par Fontenay Rohan Rohan, Saint Symphorien.
Hélas le mauvais présage pour notre p’tit Jojo semble se confirmer, car le voilà victime d’une crevaison dans cette dernière commune. Et on a encore 150 kilomètres à faire, à ce rythme nous ne sommes pas arrivés. Mais la roue est vite réparée.
C’est reparti : Aiffres, Prahecq, dans les endroits dénudés de haies nous percevons nettement ce vent qui forcit à mesure que le journée s’avance. Certains commencent à douter et à tempêter intérieurement sur ce maudit sort qui s’acharne à nous imposer ce vent qui était encore à l’Ouest tous ces derniers mois, et qui aurait pu être un précieux allié. Les spécialistes connaissent tous l’importance de cet élément naturel dans notre beau sport, ami béni ou ennemi maudit.
Nous poursuivons sur St Médard puis cette jolie cité qu’est Chef-Boutonne, Sauzaie-Vaussais, tiens le fantôme de chez Mr Pouzet se manifeste encore ! Cédric s’emmêle les pieds, oublie de débloquer ses cale-pieds et fait une chute sans gravité. Il porte des traces au cou, mais chut, personne ne doit savoir qu’il n’y a aucune corrélation entre elles et ce petit incident…ce serait l’œuvre d’un (d’une ?) vampire, mais cela ne nous regarde pas !
Enfin le réconfort ! Après une centaine de kilomètres, nous touchons notre premier objectif, le casse-croûte de Maisons-Blanches. D’ailleurs il semble que des effluves de pains au chocolat chauds apportés par ce vent d’Est auraient été ressenties par certains. Le copain de la boulange est bien présent (grâce à une dernière mise au point avec le portable, bénissons le progrès). Les chocolatines sont là qui, en nombre, toutes biens dorées, moelleuses, appétissantes, sont accompagnées d’un bon café. Quel ravissement des papilles ! La crise d’hypoglycémie qui commençait à menacer nos organismes émoussés s’estompe… jusqu’au prochain ravitaillement.
Nous repartons requinqués, plus que 300 kilomètres ! La route, très souvent bordées d’arbres, de haies nous protège souvent de cette brise bien formée à présent. Notre président quant à lui n’est visiblement pas dans un bon jour, il manifeste quelques signes de fatigue, le souffle du zéphyr commence à le miner sérieusement. Quelques séances supplémentaires d’entraînement augmentent sans doute ce handicap. Bien qu’il ne soit pas seul à marquer quelques signes de lassitude, notamment dans ces brèves côtes où notre vaillant groupe s’étire, Biquet doit méditer les sorties qu’il n’a pas faites, Patou le ronchon, doit ronchonner (pas d’inquiétude, c’est bon signe). Une fois de plus, il y a ces maudits privilégiés de retraités qui ont pu se préparer pendant que les actifs travaillaient eux, pour payer leur retraite et leurs amusements… ! C’est un scandale Mr El Kha-Bach !
Quelques kilomètres après ces petites agapes matinale, la Vienne nous accueille de nouveau après un an et moins quelque jours. En premier lieu St Pierre d’Exideuil, puis Civray que nous contournons et enfin Savigné où un petit miracle s’accomplit. Lequel ?
Savigné, un petit village où, après le café, jus de fruit servis à Maisons-Blanches, fort naturellement les prostates de nos anciens, pardon de nos troupes mûres, ne tardent pas à se manifester et demandent un arrêt pissou pour les soulager et les alléger. De plus, les montées paraîtront un peu moins longues et pentues. Par le plus grand des hasards, celui-ci a lieu devant le cimetière. Jean Noël, le mécréant, en profite pour emplir son bidon au milieu des croix des défunts, d’eau bénite ( ?), cette fois, faut pas abuser du pineau. Paraît qu’en ce lieu saint, il a invoqué Saint Christophe pour qu’il demande la faveur d’Eole afin que les pèlerins de la route que nous sommes devenus profitent enfin de son aide et non de son entrave…
Ô mon Dieu ! (Entendu constamment dans ces films américains). Et le miracle s’accomplit. Oui, oui, croyez le rédacteur, mortels simplets, il est à jeun cette fois, enfin presque, pour rédiger ces lignes, faut bien puiser son inspiration quelque part, demandez le moment venu au playboy, à feu Serge Gainsbourg.
Nous ré enfourchons nos destriers à roues et nous constatons rapidement que le miracle s’est accompli. Le vent que nous avions de face nous a lâché les pédales, il a fait un 180 degrés et c’est avec son aide à présent que nous pouvons continuer.
Coco reprend goût à la vie, après avoir évoqué son intention d’arrêter le vélo, nous parle à présent de faire le tour de France par la haute montagne… Certes, vous avez deviné fort justement que le narrateur pousse un peu trop sur l’apéritif nationale des Charentes, mais ce qui est réel : les alizés locaux sont bien avec nous pour la suite de notre longue marche et le moral revient. On parle plus, dans le mini peloton que nous formons, les bavardages remplacent le grand mutisme qui devenait tellement assourdissant. De plus, nous approchons de notre sympathique endroit de pique-nique, le soleil est de nouveau radieux, plus qu’une vingtaine de borne pour rejoindre Usson du Poitou, que la vie est belle, olé !
Nous arrivons dans cette agglomération à près de 13 heures. Saint Hilaire est dans notre dos à 120 kilomètres, la moyenne est de 23 km/h, le vent ce judas ne nous a pas facilité la tâche dans la première partie, qu’importe, le plus gros de cette longue journée est accompli.
Nos compagnes sont là, miracle, vous avez bien lu, un deuxième vient d’arriver en moins d’une heure ! Elles sont là, elles ne ses ont pas perdues avec le casse-croûte. Ouf, quelle angoisse avant d’arriver que pareille mésaventure survienne ! En êtes-vous conscients ? Perdre le casse-croûte ?
Cet après-midi, nous n’aurons que, si l’on peut dire, 55 kilomètres.
Ceci est une autre histoire, dans l’immédiat pensons à notre réconfort. Femmes ! Préparez le repas, pommades, onguents… Euh pardon ! Je me croyais dans une autre époque ! S’il vous plait Nicole, Marie, Maryse et Céline, pouvez-vous nous dire où l’on a rangé les sandwichs que nous avons préparé avant le départ ? Non, non, ne vous dérangez pas, on trouvera, reposez-vous ! Appuyer sur les pédales de frein et d’accélérateur est plus éreintant que de faire tourner celles du vélo comme tout le monde le sait.
Une douce chaleur règne, le repas se déroule près de l’eau dans ce même charmant petit parc ombragé que nous retrouvons avec un réel plaisir. Cette petite rivière courante qui traverse ce parc ajoute au charme de l’endroit. En guise de sieste, l’un d’entre nous choisit de profiter de l’onde rafraîchissante pour se baigner.
Biquet se fait réconforter, Patou a droit aux massages,… d’autres iront chez Plumeau et repartiront avec leurs maux, vrais ou imaginaires. Chienne de vie !
Un dernier bisou à Biquet avant le départ, non deux…
Allez, N… de D…, faut y aller !
On décolle enfin et c’est parti pour le second tronçon, direction La Trimouille. Les forces vives du peloton ont fait le plein d’énergie, le moral est au beau fixe, à l’image de la météo. « Regonflés », la distance est avalée. A Lussac Les Châteaux, le p’tit Jojo crève une seconde fois (la roue, pas lui !). Pas de problème pour nos techniciens rompus à ce genre d’exercice, changer une chambre à air est devenu un jeu d’enfant, l’opération ne prend que quelques minutes, troisième incident, il a fraternisé avec le diable ?! Ou avec Ghostbuster de chez Pouzet.
Montmorillon nous accueille et nous voir déjà repartir, nos cyclistes sont pressés d’arriver, la fatigue commence à se faire bigrement ressentir. Peu après, en rase campagne, nous traversons son immense terrain d’exercices pour militaires en goguette, soucieux d’améliorer aux armes lourdes, leurs performances en tir… entre deux binouses, c’est bon pour le tir paraît-il !
Enfin, une longue descente et nous touchons au but de cette première journée, les forces sont légèrement étirées, mais qu’importe nous arrivons. Il est 17 heures 30, 175 kilomètres ont été parcourus, représentant 7 heures 30 de selle à la moyenne de 23.5 km/h. Chapeau Jojo le p’tit dernier et René, sûrement surpris d’être encore là malgré une préparation des plus réduite. Quoique maman était là avec bébé, pas question à leur Biquet et papa de les décevoir.
La voiture-balai, cette charognarde est vide pour ce soir.
La Trimouille sera notre gîte d’étape, un petit bourg de 1300 habitants, chef-lieu du canton de la Vienne situé sur la rivière Benaize. Le camping où nous passons la nuit borde celle-ci, l’endroit est le reflet de la France rurale, à l’écart des grands axes. La verdure prédomine, l’endroit est ombragé, calme, une douce quiétude berce cet endroit. Quelques campeurs, camping caristes de passage goûtent le charme de cet endroit excentré de la commune. Nous ferons de même après nous être précipité vers les douches pour apprécier ce dernier instant de délassement, dans le même temps les tentes sont dressées. Quelques-uns découvrent le matériel et éprouvent quelques difficultés à monter leur abri de la nuit. D’autres, pour ne pas se faire de nœuds au cerveau et dans les haubans, préfèreront aller profiter de cette belle nuit étoilée qui s’annonce fort douce, sous les branches d’un sapin.
Mais au fait, où sont Martial et Francis, nos bienfaiteurs qui nous ont promis le réconfort solide et liquide de leur magasin Spar. La journée nous a mis les papilles en éveil, l’estomac quant à lui est en pente, prêt à accueillir toutes ces délicatesses promises et entrevues en rêve sur le bitume. Horreur, ils ne sont pas arrivés ! Adieu saucissons, viandes, boissons salvatrices, va falloir faire de la survie avec les poissons et l’eau, pouah ! de la rivière toute proche !
Immense soulagement, le camping-car des maître queux arrive, accompagnés de leurs épouse, Marie-Claude et Christelle. Sans doute inquiètes des prétentions de leurs doux époux, elles ont préféré abandonner le magasin, des fois que…Y’en a qui n’en sont pas revenus, et qui à défaut de trinquer à l’exploit physique avec une bière, en ont trouvé une autre composée de 4 planches, hein ! Mais ne broyons pas de sinistres histoires, ce soir, ça va être la fête.
Nous ne savons pas par quel miracle, mais mes moribonds ressuscitent et rapidement comme par enchantement, tous les grognards ragaillardis se retrouvent autour de la table (encore et toujours ce foutu appel du ventre), histoire conjurer le vent, les petits soucis techniques, cette fatigue lancinante de la journée, un verre à la main. Quelles boissons ? Difficile de dire aujourd’hui ce qui a été dégusté. Non, non, c’étaient assurément des fruits ou des céréales qui à l’origine, composaient ces divins breuvages, mais rien de méchant, quelle idée ! On est sérieux nous les gars de la pédale !
Du barbecue allumé et entretenu par Francis et Martial, flottent rapidement des effluves de grillades, pendant que circulent les pâtés, bœuf froid en tranches… Vive l’Amicale Cycliste Paludéenne !
La nuit sera longue et bienfaisant, bercée par le doux chant des grillons ou le hululement d’une chouette hulotte perchée dans la peupleraie toute proche. Grasse matinée jusqu’à 8 heures, le départ n’a lieu qu’à 9 heures. Le président magnanime, satisfait de ses ouailles ne nous a pas punis avec un réveil aux aurores comme en d’autres temps et lieux pas si lointains d’ailleurs…
Douuuucce nuit, loonngguue nuit… hola, mais on n’est pas à Noël !
Deuxième Acte
Seconde journée, le rythme est pris
Programme de la journée, une bonne centaine de kilomètres, pas de grosses difficultés topographiques. La météo est propice une fois de plus, Eole notre copain en nous fera pas de misère et sera des plus discrets, hello, le soleil brille, brille, briiiille, hello !
Comme prévu, l’équipe s’est renforcée de deux coureurs, Martial et Francis nos logisticiens, et nos accompagnatrices dans leur camping-car. A présent nous formons un petit peloton de neuf coureurs, une caravane nous suivant de point en point à l’instar des équipes pro. Pour nos deux nouveaux compagnons d’infortune, euh pardon, de route, ils renouent avec leurs amours antérieurs de la petite reine et redécouvrent le grand plaisir de cracher les poumons, d’entendre le cœur cogner aux temps dans les côtes un peu trop pentues, d’arriver à leur sommet les jambes en coton, de ce demander ce que l’on fout dans cette galère, de penser au canapé douillet pour suivre le tout de France une roteuse à la main, de se taler le derrière sur une selle rembourrée avec des noyaux de pêche, de tressauter sur une route qui n’en porte que le nom, et pi c’te foutue surcharge pondérale ! Quel bonheur tous ces petits « plaisirs » ! Le masochisme a du être inventé par des cyclistes.
C’est parti pour les 70 kilomètres jusqu’au point de pique-nique. Votre perspicacité et surtout votre instinct critique ont remarqué que le narrateur appuyait trop souvent sur les lieux de ripailles, à croire que la seule motivation de l’ACP était de faire des kilomètres pour se mettre à table et lever le coude après l’effort. Que nenni, honni soit celui ou celle qui mal y pense !
Nous quittons la Vienne. L’Indre nous accueille, première agglomération, Bélâbre, dans lequel un château siège, ceinturé d’un mur de pierres, interminable, seigneurial. Mais nos pensées sont ailleurs. Les kilomètres défilent, nos gambettes semblent s’être bien remises de l’effort de la veille. Un panneau indique que nous pénétrons dans la Brenne, pays aux mille étangs. Hélas, le cœur de ce pays et de ses multiples pièces d’eau, royaume de la rare Cistule (discrète tortue d’eau douce), confrère de verts et d’eaux est beaucoup plus au Nord ; Des mille étangs nous n’en verront pas plus que dans n’importe quelle région. Nous ne ferons que passer par St Gaultier pour aller chercher la nationale 151, qui nous accueille avec une belle montée. Nous ne l’empruntons que sur une quinzaine de kilomètres. Beaucoup de circulation sur cet axe qui peut s’avérer dangereux pour les fourmis que nous représentons.
Nous la quittons rapidement à Lothiers, nous connaissons bien cet itinéraire pour l’avoir emprunté l’année dernière. Velles puis Arthon et ô miracle, nouveau point de pique-nique dans un endroit ombragé.
Toutes les forces vives du peloton répondent à l’unisson « Présentes Président ». Coco est content, tout baigne, faut se requinquer, mais à midi, faut être sérieux ! N’est-ce pas ? Bon, un p’tit réconfort circule bien, mais à faible dose, bien évidemment, il y a des jeunes avec nous, faudrait pas les décevoir. Le casse-croûte agrémenté des pâtes de Martial, préparé par nos compagnes est toujours aussi appétissant. Et ces petites fontaines d’eau bénite jaune d’or et rose ? Quel ravissement ! Ce midi flotte un parfum de je ne sais quoi… tout le monde est heureux ! Serait-ce une relative aisance des morpions de l’asphalte que nous sommes devenus qui nous verse dans cette douce euphorie ? Des champs de tournesols d’or le long de la route ne s’y sont pas trompé, eux, aussi, au point de quitter leur course ancestrale de l’astre du jour pour se courber, respectueux à notre passage !
Tiens, faut revoir la direction des biclous de Patrick et René, note technicien en chef Coco remédie au problème… pas grave, c’étaient les gouttes d’huile qui se bloquaient. Allez, un coup de clé et tout rentre dans l’ordre.
Coup de sifflet ! A cheval ! Pardon, en selle, hurle le président ! Ah, saperlipopette, double raté, le fantôme du défunt de St Hilaire est décidé à poursuivre ces facéties. Nouvelle crevaison, René constate que sa roue est crevée en rechaussant les cale-pieds, rien de grave (c’est la troisième, il fallait qu’elle arrive, il fait beau, on est pas pressés, car nous n’avons qu’une quarantaine de bornes à croquer, no problem ; Il vaut mieux qu’elle arrive maintenant que demain, comme nous le découvrirons après coup).
C’est reparti ! Re-saperlipopette, ce fantôme commence à nous pomper l’air. P…de D… ! Que se passa ? Quoi encore ? La voiture de Céline ne part plus ! Ben oui, quand on a deux ans, jouer avec la clé de contact de la bagnole à papa et à maman est tellement poilant ! Rien de grave. On pousse la voiture capricieuse, prout-prout… le moteur tousse et d’est parti, la batterie se rechargera en roulant. Pour bébé, faudra lui dire que la conduite accompagnée est pour plus tard, que le moment et l’endroit sont inopportuns. Allez, c’est l’occase de se r’faire un ch’tit bisou pour certains, c’est de plus bon pour le moral. A quelque chose malheur est bon !
Fin des alertes techniques et nous voilà repartis à la conquête de l’Est pour de bon. Une quinzaine de kilomètres plus loin arrive comme prévu, à vélo, notre guide local Jacky, qui à la gentillesse de nous accueillir pour la nuit. Nous sommes dix et formons un joli petit groupe multicolore.
Ensemble, nous terminons jusqu’à Saint Hilaire en Lignières. Là, un comité s’est constitué et nous fait la surprise de nous accueillir, au sortir du tournant, en haut de cette foutue côte casse-pattes. Nous retrouvons avec plaisir nos sympathiques hôtes de l’an passé, lors du second rassemblement des St Hilaire, décidés eux aussi à perpétuer cette tradition. Ils nous offrent le verre de l’amitié au bistrot, la vie est toujours aussi agréable.
Nous reprenons nos bicyclettes pour le dernier effort, pour rejoindre notre lieu de bivouac, à un petit quart d’heure, chez Jacky précisément.
Le second objectif de la journée est atteint, (que) 108 kilomètres, moyenne 23.3 km/h ! Pas de quoi affoler les compteurs, habitués à plus dans une vie antérieure en 2007. Mais il ne s’agit que d’une journée de transition Messeigneurs ! Demain à l’aube, va falloir se cracher dans les pognes et bien accrocher le guidon pour ne pas le perdre dans le grand huit qui nous guette toujours plus à l’Est.
Mais nous ne sommes pas encire couchés, il s’agit de se sustenter avant. Qui dîne bien, dort bien ! Faut suivre ce précepte pour bien récupérer et pédaler car demain, l’ultime étape ne sera pas une partie de plaisir. Nos gaulois de cyclistes se retrouvent une fois de plus à table, à refaire la journée, le monde, à l’évidence, tout le monde est en pleine forme, y compris nos deux nouvelles recrues qui ont du tout même avaler 110 bornes sans aucune préparation, chapeau à Martial et Francis.
Tiens, inquiétantes ces masses nuageuses noires qui circulent à l’horizon.
De nouveau tout le monde a bien mangé, bien bu, forcément on ne fait pas rouler des Ferraris à l’eau de source. Fallait reconstituer les réserves. La Logistique de Spar est toujours aussi réconfortante. Le moral est à son apogée, faut profiter du moment présent car demain sera un autre jour…
Remontage des tentes, pas de problème pour ce soir, on a trouvé le bon ordre des mâts et des sardines, n’est-ce pas, René et Céline ?
Un fantaisiste choisit d’aller dormir sur le plancher d’un grenier ouvert à tous les vents, plus tard, avec son duvet sous le bras, il ira à la belle étoile (discrète car les nuages sont au-dessus de nos têtes à présent), puis encore un autre endroit sur le gazon, certains essayent des matelas, lui c’est la souplesse de la terre battue ou de l’herbe qu’il teste, quel original… Souhaitons pour sa femme qu’il ne lui impose pas pareil traitement chez lui… mais ceci ne nous regarde pas et ne dois pas quitter ces pages. Finalement, sur le matin, c’rigolo prendra la flotte tombée du ciel, mais sûrement pas bénie celle-là. Bien fait, na ! L’aurait mieux fait d’monter sa tente c’t’anticonformiste ! Ben couillon, peut pas faire comme tout le monde !
Troisième acte
Samedi, dernière demi-journée
Il est 6 heures ! St Hilaire s’éveille ! Les tentes sont démontées ! Les cyclistes sont rhabillés ! Le temps est gris ! Le p’tit déjeuner est pris ! (Sur un vieil air de « Paris s’éveille » de Dutronc, des années 60). Merci à nos délicates accompagnatrices, qu’il fait du bien ce café.
Allez le peloton ! A vos cale-pieds ! Dernière étape et pas la moindre. Certes il n’y a que 90 kilomètres, mais à faire sans musarder. Ils seront constitués d’un toboggan d’incessantes montées et descentes diantrement plus accentuées que notre gentillet relief de Deux Sèvres. De plus, ce temps couvert ne présage rien de bon.
Francis, sagement préfère ne pas nous suivre et s’assurer d’une douillette place avec Marie-Claude et Christelle dans le camping-car… fayot ! Pistonné ! Lâcheur ! (vous aurez compris que je plaisante…) La journée d’hier a laissé des traces et le relief annoncé n’encourage guère la poursuite de cette randonnée. Moins un coureur mais ô surprise, plus un avec le renfort de Guy, un gars du cru, intime de Jacky, qui a décidé de mouiller le maillot dans le relief tourmenté de sa région qu’il connaît bien. Paraît qu’il n’a pratiquement pas de préparation, à voir…
Nous voici de nouveau 9 coureurs. C’est parti, nous poursuivons le cap au Sud-Est, le département de l’Allier où l’on doit rejoindre le troisième rassemblement des St Hilaire à St Hilaire en Allier vers 11 heures.
Nous quittons ce havre de paix qu’est le logis de Jacky, oublié de saluer le brave baudet, dommage. Nous retraversons St Hilaire en Lignières, encore endormi, et poursuivons sur des petites routes de campagne en direction de l’Allier.
Les réjouissances annoncées sont vite présentes, St Hilaire dépassé, nous entrons à froid dans le vif du sujet, un premier amuse jambes se charge de nous faire un rapide réveil musculaire et cardiaque. Présentement, c’est une longue côte… d’une pente assez soutenue qui nous accueille et secoue nos organismes à peine éveillés. Ce ne sera plus le cas au sommet de cette première épreuve. L’électrochoc aura agi. Nous voici chauds pour la suite. Une petite descente suit… ce sera ainsi tout le long, dont certaines longues, éprouveront durement les organismes.
Pour les passionnés de géographie, nous traversons un petit village, Morlac, qui a la particularité d’être situé pile poil sur le méridien de Greenwich. Concrètement, nus passons de la longitude Ouest à la longitude Est. Ah ! Que c’est beau de voyager ! Cette considération ne changera pas le cour de notre destin et nos pédales seront toujours aussi dures à mouliner ; de fait, peu après notre départ, la pluie comme prévue, redoutée, commence à se manifester. Guère gênante au début, elle devient vite un gros handicap en gagnant en intensité. Elle nous sape le moral. Dans les longues descentes, trempés, nous prenons en compte un élément non prévu à la fête, le froid et la crainte de s’enrhumer. La pluie battante, le froid qui en résulte, ces p…….. de côtes qui n’en finissent pas, l’une chassant l’autre, arrivés au commet de l’un, on découvre alors la route qui plonge et qui repart à l’assaut du versant opposé… Quel beau spectacle minant ! Equipés pour l’estive, on subit. Les visages se ferment. Pour les chastes oreilles, on ne traduira pas sur papier les noires pensées des uns et des autres qui nous assaillent.
Par moment, est-ce un groupe de valeureux qui évolue ou une procession pour un saint local ? Les faces dégoulinantes d’eau du ciel sont aussi gaies que des portes de prison, elles sont plus exactement très renfrognées. L’humeur en cet instant est comme le temps… Les grognards n’ont guère envie de plaisanter. Même le ronchon, Patrick, est muet comme une carpe ; c’est que ça va vraiment mal !
Nous finissons par nous arrêter dans un village pour nous abriter, qui sous un arbre, qui le long d’un mur et attendre notre caravane pour récupérer nos précieux K-way. La courtoisie me retient encore d’écrire ce que nous pensons… Le moral des troupes semble vaciller. Ces intempéries n’étaient pas prévues. C’est la galère !
Mais, à cœur vaillant rien d’impossible, cré nom de D…. !
Grand soulagement, nos fidèles accompagnatrices arrivent, nous pouvons alors nous équiper et revêtir prématurément le vêtement « intempéries » plus prévu pour l’automne, offert par le sponsor.
A présent, équipés, nous pouvons affronter de nouveau la pluie. Martial, qui a beaucoup donné, renonce à poursuivre. Sans préparation, cette expédition devenait cauchemardesque. Le copain Francis, à l’abri dans le camping-car, ne doit pas regretter son choix de n’avoir point pris le départ ce matin.
Nouvelles côtes…descentes… le peloton joue à l’accordéon et s’étire de plus en plus dans ces difficultés, pour se reconstituer sur un plat ou dans une descente.
René et Cédric essuient une grosse défaillance et font preuve d’un courage exemplaire pour ne pas s’arrêter et grimper dans nos voitures suiveuses tellement tentantes. Notre p’tit Jojo, comme le roseau de La Fontaine, plie mais ne rompt, i’ s’accroche le bougre, son petit gabarit l’aide à maîtriser le relief ingrat, il s’en sort bien, avec sa bonne humeur perpétuelle de surcroît.
Le président n’a pas l’air des beaux jours et n’affiche pas la belle forme de l’année passée (arrête de flagorner le Président, fayot !). Doit amèrement regretter ces quelques sortie supplémentaires qui l’auraient aidé dans ces pénibles conditions. Si j’avais su ! Doit-il méditer.
Michel, imperturbable suit son bonhomme de chemin, avale les côtes à son rythme (et les digère allègrement), elles n’ont jamais été son point fort, mais ne sont pas non plus un épouvantail. Alors il les dompte, à l’aise, sans affolement, en gardant le calme des vieilles troupes pour revenir sur le plat ; Le rouleur en sommeil se réveille alors et il recolle, laissant derrière lui ces difficultés passagères. Il n’est pas taillé comme un bâton de sucette, comme d’autres sifflets, faut la monter cette surcharge ! Non, non, personne n’est visé… Mmmmmh, mmmmmh, faut ménager les susceptibilités.
Jacky de Saint Hilaire en Lignières respire toujours la grande forme et avale le relief. Quant à son binôme, le gars Guy, il trompe bien son monde et maîtrise bien la situation, le cachottier avait en fait bien plus qu’un ou deux sorties dans les jambes et de fait, nus le voyons toujours à l’avant-garde.
Sur ces petites routes de campagne nous traversons le bocage du Cher, puis celui de l’Allier où l’élevage est important, malheureusement cette météo tristounette de fin juillet nous empêche d’apprécier ces paysages bucoliques, paisibles et ces communes de La Celette, Meaulne, Le Brethon, Ygrande… Mais nos pensées sont vraiment ailleurs, plus concentrées à voir les kilomètres s’accumuler au compteur et se rapprocher d’autant du terme de l’étape.
Nous quittons enfin ces montagnes russes dans le bocage. La pluie nous lâche les cale-pieds, remplacée par un temps gris, puis par un ciel de traîne diraient les spécialistes. Dans la vaste forêt de Troncais (connue pour ses chênes séculaires réputés entre autre pour la lutherie), nous croisons des voitures d’équipes couronnées de vélos engagées au Tour de France, qui se déplacent à vive allure. Pour elles, rien à craindre des bandits manchots ou des criquets, traduisez par radars fixes et gendarmes s’étouffant avec leur sifflet rappelant ainsi la douce mélodie de ces orthoptères (sauterelles) des champs, pratiquement disparues aujourd’hui. L’étape du contre la montre a lieu aujourd’hui dans les environs, elle sacrera pratiquement le vainqueur de la grande boucle qui se termine demain dimanche. Dans certaines voitures se trouvent des coureurs, méconnaissables derrière les vites teintées, belle image furtive tout de même. Pour nous, ce sont deux mondes aux antipodes qui se croisent et s’ignorent, nous n’évoluons pas sur la même planète. Les modeste, mais purs que nous sommes et les autres… Néanmoins on est pas des bêcheurs et on échangeraient bien nos bicyclettes contre les leurs. Mais quand on voit une certaine antiquité de l’un des nôtres qui se rapproche plus du vélocipède des années 1900, m’étonnerait qu’ça marche !
Nous approchons du but, nous sommes à présent dans le Bourbonnais, dans le Nord-Est de l’Allier, plus que quelques kilomètres pour les uns, un peu plus pour les autres qui se sont égarés dans le dédale des petites routes.
Enfin, immense soulagement, surtout pour le président qui voit la réalisation de son projet. Nous touchons au but au grand complet, sans incident notoire ! Notre fantôme a eu de la compassion, aucune panne par chance, au cours de cette ultime étape éprouvante. Réparer sous la pluie avec les doigts gours, c’est vraiment une sinécure ! St Hilaire nous aurait-il protégés ?
Un rond-point décoré d’une banderole évoquant le rassemblement des Saint Hilaire concrétise la fin de nos tourments. Notre petit peloton qui malgré lui s’était scindé en deux du fait des retardataires lors du premier arrêt, opère un regroupement, nous voici à nouveau au grand complet pour pénétrer dans Saint Hilaire en Allier. Une dernière ligne droite avec une légère montée nus amène au cœur de la fête. Victoire ! Nous avons réussi ! L’Echappée est à son terme, nous sommes fourbus, mais profondément heureux de ce que nous venons encore d’accomplir.
Entouré de bocage, le petit village de St Hilaire s’est mis sur son 31 pour organiser ce rassemblement. Quelques encouragements et applaudissements saluent notre arrivée. Hélas, le car des paludéens arrive dans notre dos, nous privant de la sorte, d’une grande partie de nos supporters et de leurs vivats tellement revigorants, à l’instar de l’accueil inoubliable que nous avons reçu il y a un an.
Pour les amateurs de statistiques et pour la mise à jour du cahier d’entraînement, nous avons parcouru 96 kilomètres en 4 heures et 26 minutes, à la moyenne de 21.7 km/h. Malheureusement, la débauche d’efforts dans les intempéries et le relief ne sont pas quantifiés, et pas encore à ce jour appréciables et transposables en kilomètres virtuels.
Pour ces deux jours et demi de route, nous avons bouclé 380 kilomètres, bravo les vedettes.
Dénouement
Nous rejoignons le terrain de football où un podium est monté, nous y sommes invités pour être interviewés et faire part de nos impressions. Les torses courbés, les visages grimaçants peu avant dans les montées, sont méconnaissables. Ils sont maintenant gonflés d’orgueil et de fierté, devant l’assistance et la charmante animatrice qui nous interview.
Tout est bien qui finit bien, le soleil à présent se fait pardonner de son absence, il brille à nouveau, chaud et réconfortant.
Direction les douches, quel grand bien-être, et comme de bien entendu chez nos ancêtres les gaulois, nous l’avons dans notre génome, tout se termine autour d’une table, on ne peut pas aller contre !
Nous nous retrouvons bientôt sous cet immense chapiteau dressé pour les agapes et la fête, attablés et prêts à faire bombance pour reprendre toute cette glycémie et ces calories dilapidées sans compter tout au long de ce périple. Faut penser à éliminer cet acide lactique qui alourdit encore nos mollets de campeurs, et que seule une alimentation liquide fera disparaître…