Rassemblement 2009 à Saint Hilaire Haute Garonne (31)
Montagnes russes en Occitanie ?! Da !
Quatrième rassemblement des Saint Hilaire à Saint Hilaire Haute Garonne (31)
25 et 26 juillet 2009
Quel beau millésime 2008 ce fût, avec en point d’orgue ce qui est en passe de devenir une tradition, rallier à vélo le rassemblement des Saint Hilaire. Pour notre troisième participation ce fut assurément une réussite avec ce marathon… non, cette chevauchée fantastique.
A son tour, cette année 2009 semble radieuse et annonciatrice de belle journées et sorties vélocipédiques à venir !
Mais avant de développer ces sujets, une petite mise dans l’ambiance avec un retour en arrière n’est pas inutile.
Au commencement, il y a eu cette grand’messe annuelle, courant janvier, où nos compagnes, les plénipotentiaires du club, de notre commune, les sponsors, les actifs, les moins actifs, les inactifs, la presse, les grands, les petits (mais non Jojo boude pas, t’es pas visé, à propos, la prochaine fois, n’oublie pas ton escabeau pour la prochaine réunion histoire qu’on ne voit pas que tes cheveux), elles/ils étaient tous là, elles/ils étaient presque tous venus (faut dire que pour ma motivation des troupes, rien ne vaut celle du ventre, à cette fin un apéritif était annoncé, suivi d’agapes prometteuses). On ne dira pas le nom de l’absent, du lâcheur qui réside à La Grève.
Au programme, récapitulatif de l’année passée, ses grands moments dont le rassemblement des Saint hilaire dans l’Allier, et plus particulièrement de sa dernière étape que l’on ne se lasse pas de ressasser au regard de la prouesse sportive que les grognards et les jeunots avaient accomplie dans ces montagnes russes bourbonnaises. Ah, N… de D…, on s’en souviendra de cette dernière étape de près de 100 kilomètres à quelques bornes près, faite d’incessantes montées et descentes, forcément quand il y a des montées il y a des descentes, excusez le pléonasme. Et le tout avec la pluie et la fraîcheur en plein été… et nos gentilles groupies responsables de la logistique et surtout du bien-être de leurs idoles, tant désirées, qui n’arrivaient pas avec les vêtements de pluie… mais bon. C’est pas donné à tout le monde de savoir lire une carte et d’utiliser une boussole. Mais promis, Nicole, Maryse, Marie, Marie-Claude et Christelle, quand les finances le permettront, l’Amicale vous offrira un GPS à chacune ; dans cette attente la prochaine fois nous assurerons et prendrons notre sac à dos avec des maillots en cas de météo humide.
Revenons à cette douce soirée de lendemain de fêtes, empreinte de béatitude, tout le monde est beau, tout le monde est content, tout le monde rêve au pineau qui va suivre, les idées divaguent, planent encore du côté de l’Allier, on est plus trop présents… Il fait froid dehors, on est dans cette douce ambiance de communion… Et personne n’entend trop la suite, en l’occurrence ce que notre divin président nus a concocté pour la fin juillet : le périple Toulousain de 450 kilomètres, toujours dans le cadre du rassemblement des Saint Hilaire (retenez qu’un nouvelle fois la distance a été minimisée pour ne pas affoler les guerriers, ce n’est pas le moment… Ah le judas !). Personne ne réagit aux deux étapes et demie soit 180 le premier jour, 200 le second et en digestif une soixantaine pour gagner l’arrivée. Une grande partie de ces réjouissances effectuées dans la tourmente d’un relief annoncé. Nous pondre un tel programme à nous, les gars de la plaine ! Le tout annoncé dans la plus totale indifférence, ben oui, encore une fois, n’est pas président qui veut. Profiter de cette période où une grande partie de nos neurones hivernent, ceux qui restent éveillés pensent au pineau et au reps, et hop le tour est joué, l’olive avec le noyau est avalée ! Les cartes proposées sont à peine dépliées. Chapeau président pour cette pédagogie, tu en reprends pour quinze ans. Les Bush, Balkany, Pasqua et consorts ont du utiliser de tels stratagèmes pour se faire élire ou réélire.
Rendez-vous en juillet les p’tits pédaleurs fous, vous avez 7 mois pour vous préparer, et pour ce faire, les séances dominicales d’été débuteront à 7 heures et demie pour des virouses de 120 kilomètres, exécution ! Ah oui, n’oublions pas de prier la providence pour qu’il n’y ait pas de canicule à cette période ; l’été du côté de Toulouse est parfois meurtrier… pour les cyclistes, ne nous égarons pas, n’est-ce pas Sophie !
Sont évoqués ensuite la sortie champêtre à la Grière, le soutien sans faille de notre équipe à l’organisation des festivités du 14 juillet, etc… Après cette nourriture spirituelle, nous sommes passés ç une plus consistante.
Ainsi les semaines, les mois passèrent. Un mois de janvier catastrophique pour les cyclistes, pluie, bourrasques de vent, nous contraint pour de bon à une hibernation forcée. Jean Pierre quant à lui du faire face à quelques petits soucis de santé le contraignant à un repos plus long. Nous reprîmes notre entraînement quasi normalement en février.
Quelques petits faits divers cependant à signaler dans notre petit monde. René investit dans une nouvelle monture…bigre, le goudron va chauffer. Mais plus étonnant encore, Joël a troqué, ou plus précisément s’est acheté un nouveau vélo, car qui voudrait de son vieux coucou avec cadre en bois, grinçant, cliquetant, contemporain d’un certain Leduc, vainqueur d’un Tour de France au début du siècle dernier ! C’est un miracle qu’il n’ait pas perdu le guidon ou que le cadre ne se soit pas cassé dans un nid de poule voire même de canari. Av »c ce nouvel équipement, il est tout de même plus sortable et ne fiche pas la honte à notre équipe le dimanche matin.
Fin juin, petite pause dans le sérieux de cette préparation avec la virée rituelle à La Grière, histoire de se ressourcer et puiser une force nouvelle dans les dernières semaines qui s’annoncent périlleuses. Le beau temps est de la partie, les tandems sont de sortie ainsi que les maillots de bain, Marie et Nicole sont une nouvelle fois en selle… tiens mais Madame la présidente n’est toujours pas décidée ? Coco, va falloir faire un putsch et reprendre les rênes du pouvoir !
Les bienfaits de l’accumulation des kilomètres dans les jambes se fait sentir pour la plupart d’entre nous, et pas question d’affronter ce périple et ses difficultés annoncées sans préparation, au risque de se casser non pas le nez mais les jambes. Soit, certains auront préféré aller se ressourcer au porto dans la péninsule ibérique mais ceci ne nous regarde pas, n’est-ce pas Thierry ? Parait que deux cyclistes, deux jeunots de quadras ont émis le souhait de se joindre à nous : un confirmé, Philippe Mathé d’Arçais, mais le second, Philippe Mathieu, de la Rivière est un transfuge de la course à pieds qui, ne pouvant pas courir suite à une blessure au genou, a remplacé les trainings route par une paire de pédales pour une bonne rééducation. Gonflé ou inconscient de se lancer dans une telle aventure avec si peu de kilomètres ! Va falloir les endurer les heures de selle, le croupion est p’t’être encore un peu tendre, non ? Va falloir les grimper toutes les côtes annoncées ! Bon on ne va pas trop critiquer les mollets de sauterelle des coureurs à pieds, et les comparer à ceux des cyclistes bien musclés et galbés que nous sommes, n’est-ce pas mesdames ? En plus il y a déjà des ex-athlètes ‘course à pieds) dans l’Amicale, alors ménageons les susceptibilités, ne fichons pas la zizanie les veille de départ, il y aura assez de tension à venir dans les moments difficiles.
Mercredi 22 juillet, préparation des voitures, du camping-car, pour cette troisième édition tout est rôdé. Le matériel de camping est chargé dans les trois voitures et remorques d’accompagnement, le gros des victuailles et boissons dans le camping-car. Bigre, nos coursiers sont des p’tits gars fragiles, il leur faut tout leur confort. Dormir à la belle étoile sous la couverture scintillante de ces astres lointains témoins de la création, bercés par le chant mélodieux des grillons des champs n’emballe pas la foule. Et pis vous imaginez, la nuit deviendrait cauchemardesque si un p’tit campagnol des champs aux mœurs nocturnes, sautait sur le ventre de l’une de nos fidèles et dévouées accompagnatrices… j’suis pas sûr qu’elles apprécient ces petits lutins nos gentes dames ! Quant à l’alimentation, pas de problème, nous pouvons encore compter sur le soutien généreux du bon resto du cœur local au profit des nécessiteux roulants de la paroisse, citons le magasin Spar.
Des croyants ont emporté des cierges pour invoquer Saint Christophe, on n’est jamais trop prévoyant.
Fin d’après-midi, on se quitte, rassemblement le lendemain sur la place de la mairie comme d’habitude à 6 heures 45 pour la séance photos, puis le départ sera donné à 7 heures pétantes.
Superstitieux s’abstenir pendant qu’il est encore temps ! Si personne ne se dégonfle, nous devrions être treize. Un oracle de la météo nous fait craindre le pire pour notre première journée de pédalage avec du vent de Sud-Ouest et grosses averses.
Sur ces considérations, bonne nuit, pas de folies durant la nuit, économisez vos hommes mesdames et à demain à l’aube.
Jeudi, ça y est, nous y sommes enfin. La trompette guerrière a sonné l’heure du rassemblement. Un (petit) évènement, ils sont venus, ils sont tous là (comme le bramait un certain chanteur dans une vieille chanson que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître). Les plus courageux, les insomniaques sont là depuis longtemps, impatient de chausser les cale-pieds. Mais non, il en manque un que a préféré courageusement partir en vacances à cette période, qui plus est dans les Pyrénées, et pêcher la truite plutôt que de s’échiner dans le relief gersois. Lâcheur ! Ca ressemblerait presque à de la provoc. Cela reste encore entre nous, mais je crois qu’il est du 17… mais une fois de plus, cela ne nous regarde pas.
Le ciel est gris et peu engageant, il a plu durant la nuit comme en témoignent les flaques d’eau, une brise très perceptible agite le sommet des arbres environnants, tout cela n’est pas très réjouissant pour ce qui nous attend, et n’annonce rien de bon.
Nous oublions tous ces considérations météorologiques et nous posons fièrement devant notre hôtel de ville, pendant que photographes amateurs et professionnels immortalisent ce délicieux moment. Monsieur le maire et Michèle toujours fidèles supporters sont présents.
Alors, ferons partie de cette expédition vers le grand Sud : Philippe Mathieu et Philippe Mathé, Patrick Juin (Ronchon) et le fiston Cédric, Martial Regrénil et son toujours sympathique boucher Francis Gelot, Michel Barbin (Michou – Mimi c’est comme on veut), René Brisson, Joël Jacquot (P’tit Jojo), Joël Martin (dit Zétor), décidé à nous accompagner sur un premier tronçon, Jean Pierre Andrault, Jean Noël Pacorel et enfin notre président, Jean Claude Ecotière (Coco).
Oui, 13 coureurs au départ, combien à l’arrivée ?
Et n’oublions pas nos fidèles groupies chargées de la sécurité, logistique, soutien moral et physique, et comme on le verra plus loin, de l’infirmerie de campagne, Maryse, Marie, Nicole, Marie Claude et Christelle.
Première étape
7 heures. Le moment de s’élancer est arrivé, le grand départ a lieu, étirés dans un premier temps, nous nous regroupons rapidement, une délicieuse odeur de café flotte dans l’air à la hauteur de la poste… mais non, restons concentrés, ce n’est pas pour nous. Nous tournons le dos à notre clocher, à présent, direction Mauzé, cap au Sud, c’est parti pour près de 450 kilomètres.
Dès la sortie de Saint Hilaire, en rase campagne, nous sommes fixés. Eole ne sera pas notre allié, et encore une fois va nous perturber dans notre moyenne, et surtout dans notre effort. Nous retrouvons rapidement nos agréables effluves de chez Rousseau après Mazin (porcherie) qui nous accompagnent pour grimper cette petite côte. A plein poumons nous les humons, les absorbons, les apprécions, les dégustons, que de jambons et d’andouillettes cela représente ! Descente, nous voilà bien chauds à présent et prêts à avaler les kilomètres qui s’annoncent, on oublie vite les pensionnaires de chez Rousseau et leurs flagrances. Ce vent du Sud contre lequel on lutte, nous oblige à rester en groupe et profiter du sillage du copain qui nous précède, dans cette longue épreuve, il s’agit de s’économiser.
Nous dépassons Mauzé, cette année nous quittons rapidement notre département pour entrer en Charente-Maritime. Direction Simoussais, Boisse, St Jean D’Angély dans laquelle nous faisons un joli détour touristique. Pour certains, c’est l’occasion de découvrir une charmante petite pièce d’eau aménagée. Merci l’organisateur.
Après St Jean nus obliquons légèrement vers le Sud-Est, nous continuons notre progression sur de tranquilles petites routes de campagne. Il est près de 10 heures, après trois heures de route, le moral est toujours intact, heureusement d’ailleurs. Il est d’autant meilleur que la petite surprise bien gentillette promise par Martial prend forme.
Au lieu dit Petit-Bordeaux, quel doux nom, nous sommes attendus chez David, son réparateur frigoriste, qui a sa maison tellement bien placée sur notre chemin, qu’il eût été dommage de l’éviter. Après les croissants et les chocolatines à Maisons Blanches du copain boulanger de Michou l’année dernière, c’est à présent un copieux petit déjeuner qui nous est servi. Difficile de suivre un régime dans ce club… et ce n’est qu’un début ! Et le tout dans un cadre de verdure des plus accueillants, une pâture occupée par des chevaux de selle ajoute au charme de l’endroit.
Merci à lui et à son épouse pour leur gentil accueil. Il nous reprendre la route car nous sommes attendus plus loin. Que ces viennoiseries, ces café/jus de fruits étaient bons et ont fait du bien. Même plus besoin d’emmener des barres vitaminées, le ravitaillement est disséminé le long du trajet ! Chapeau le GO. Nos nouveaux compagnons de route, les deux Fifi ne doivent pas pour l’instant regretter d’être venus, alors que la gamelle est bonne pour le vrai maraîchin ou d’origine immigrée qui en a adopté les us et coutumes, tout va. La Météo semble nous prendre sous son aile protectrice, le ciel est terne, le vent toujours présent, mais dans ce pays de bocage, les haies atténuent ses méfaits. La forme semble bonne pour les 12 restants, Zétor nous a quitté, les superstitieux reprennent goût à la vie, René éprouve des difficultés, notre néo-cycliste Fifi, joue des pédales et mouline pour ménager son genou, il est toujours présentement satisfait de la situation. Pour le reste du groupe RAS.
Nous pénétrons en Charente. Au 95ème kilomètre, nous traversons le fleuve qui a donné son nom au département à Bourg Charente, l’endroit tout de verdure est pittoresque, des bateaux à l’ancre ajoutent à la beauté reposante du site, un impressionniste aurait pu y puiser son inspiration.
Bienvenue dans le Cognaçais, nous laissons derrière nous un plat pays pour aborder un paysage de relief arrondi, la route épouse ses formes en de longues et douces montées et descentes. Bref arrêt à un carrefour pour refaire le point et la pause soulagement/prostate, le président impatient sans doute de rejoindre le prochain lieu de festivité repart sans tarder, laissant derrière quelques attardés un tantinet contrariés, dont notre ronchon pas content du tout qui vitupère. Allez Jean Claude, t’auras plus qu’à payer une mousse pour la paix des braves ou un pur malt pour le plaignant.
Mais bigre, plus inquiétant que ces mouvements d’humeur qui prouvent la bonne santé du groupe, au loin, par-ci, par-là de grosses masses nuageuses noires survolent la contrée. Et un chouïa maso, nous fonçons droit dessus. Cette fois la douche sera pour nous. De fait nous trouvons la route mouillée, mais par chance, encore une fois, on ne prend que la queue de l’un ces grains, quelques grosses gouttes, c’est tout. Nous évitons Cognac par l’Est, la visite des chais n’est pas inscrite au programme, une mauvaise note pour le président, et nous continuons à pédaler.
René qui ne semble pas être dans un bon jour depuis le départ goûte maintenant le confort des sièges d’une voiture, rien à voir avouera t-il à celui d’une selle dure et inconfortable. Il va finir pas nous donner des idées …Encore quelques kilomètres et nus arriverons un tantinet honteux avec beaucoup de retard chez nos compatriotes de St Hilaire Barbezieux. Pas rancunier du tout, ils nous servent l’apéritif, charcutailles, terrines de légumes, gâteaux…et le cognac, car nous sommes en plein cœur de cet éden. Après cet accueil des plus chaleureux, le devoir nous rappelle à nos obligations. Nous renfourchons nos montures, un regret cependant pour les amateurs de belles poules, nous n’aurons pas vu de ces charmants bipèdes aux forme généreuses : La Barbezieux. Nous parlons bien évidemment du gallinacé emplumé, bien en chair, bonne pondeuse, nous sommes sérieux nous, les gens de la pédale. Pourquoi, vous pensiez à autre chose ?
126 kilomètres ont été parcourus durant la matinée, encore 70 pour toucher la fin de cette première étape. RAS toujours du côté de notre binôme de jeunots, les deux Fifi sont toujours à l’aise. Le coureur à pieds continue de « mouliner » pour ménager son genou convalescent, quant à son alter ego, no comment, il maîtrise. Mmmmmhhh, va falloir le surveiller, beau vélo carbone, beau maillot, mef…l’a pas l’allure d’un débutant. D’ici qu’il nous allume des pétards dans les grosses difficultés à venir ! J’vais préparer ma pompe pour lui en mettre un coup le moment venu et calmer ses velléités. Faut s’méfier des jeunes coqs, non mais !
C’est reparti, quelques kilomètres face au vent soutenu nous perturbent la sieste, le rot est vite expiré. Heureusement que nous changeons de direction pour nous orienter vers le Sud-Ouest. Le miracle se produit, ce maudit vent est maintenant aux trois quart favorable, le ciel s’est dégagé et se montre bienveillant, la route recouverte d’asphalte nous donne la sensation de glisser, que du bonheur pour le reste de la journée. Enfin presque…
Petit bémol à cet enthousiasme débordant, le profil de la route s’accentue. On monte, on descend, les « poids lourds » qui sont rouleurs ne sont pas trop à la fête. Martial jette l éponge, bien vu tout de même d’avoir fait ce que tu as fait avec aucun entraînement et surtout ta seule volonté. Francis, surpris d’être toujours de la fête en perd sa casquette… Chuuutt ! On ne dira pas Christelle qu’il l’a jeté à des admiratrices postées le long de la nationale, ceci ne nous reg…
Nous contournons Chalais dominée par son magnifique château, peu après, la Dordogne nous accueille, terroir de bien vivre. Tiens à propos, l’heure tourne, on consomme beaucoup de calories, le déjeuner pris chez nos hôtes de Barbezieux commence sérieusement à s’estomper, quand est-ce qu’on arrive ? Tais-toi et pédale, plus qu’une petite trentaine, soit une bonne heure jusqu’à Montpon.
Pas loin d’ici se trouve l’abbaye de la Trappe de Bonne Espérance, « l’aurions pu faire un p’tiot détour pour le repos de l’esprit et p’t’être pouvoir goûter la bière de leurs coreligionnaires du Ch’Nord ?
Après 195 kilomètres et 8 heures 30 de selle à la moyenne de 22.6 km/h, nous touchons au but. Fin de la première étape. Nous traversons un vieux pont à arches qui enjambe l’Isle, une grosse rivière, nos compagnes qui nous ont précédées prennent des clichés de notre arrivée au camping qui étofferont les albums de famille. A nous Montpon Ménestréol dans le Périgord, chef-lieu de canton de 6000 âmes. La cité s’enorgueillit d’être la capitale de l’orgue en Aquitaine, pas moins. Malheureusement, en cette fin de doux après-midi ensoleillé de juillet, nous préférons plus une bonne douche et un moment de répit devant une bonne bière, à la découverte de ce gros bourg, malgré ses attraits à n’en pas douter. De plus, il nous faut monter les tentes, ce qui pour certains risque encore de poser des problèmes. D’autres pour éviter le casse-tête des sardines et du mélange des piquets préfèrent la belle étoile… Bref, le cadre de ce camping, le Vieux Pont, qui jouxte la rivière, est enchanteur, très ombragé, calme et surtout, règne une douce euphorie dans l’équipe. Les inquiétudes pré départ ont disparu, nos forces vives sont encore présentes, n’est-ce pas René ? Et bien décidées à poursuivre cette aventure qui restera gravée dans les mémoires.
Pour l’heure, pensons au réconfort que nous avons bien mérité, la table est prête et semble si accueillante, tous ces flacons pointés fièrement vers le ciel sont plus qu’une invitation, un ordre de rassemblement. Ne perdons pas de temps, nous avons assez attendu de pouvoir goûter à toutes ces délicatesses que Martial et Francis nus ont préparées et que vont nous servir nos dévouées accompagnatrices. Les dédaigner serait incorrect. A table !
Qui dîne bien dort bien dit le dicton. Qui dort bien récupère mieux pourrait-on rajouter ; indispensable récupération, pour ce qui nous concerne devrait-on surenchérir. Et c’est ainsi que la nuit tombée, la peau du ventre bien tendue, nous rejoignons nos couches pour une nuit peuplée de passages triomphants à travers des cols tous plus hauts les unes que les autres, des remises de gerbes par des créatures de rêve au son des orgues de Montpon jouant la Toccata…
Réveil ! Sapristi, quelle déception, la musique était donc celle d’un réveil de portable annonçant la fin de la trêve, et qu’il va falloir remettre ça, et non celle d’un ensemble vocal de nymphes nus lançant des pétales de fleurs…
Le jour se lève à peine. Personne ne semble souffrir des courbatures, brûlures, frottements à l’entrejambes, à son séant… Le genou du p’tit gars de La Rivière est OK. Tout baigne Président ! Encore une fois nos attentionnées walkyries sont à pied d’œuvre pour faire chauffer qui l’eau, qui le lait, qui préparer les tables, couper la brioche… Ce p’tit dej achève de requinquer les grincheux du réveil à des heures impossibles. Enfin, à près de 8 heures, avec du retard, tentes démontées, matériel chargé, la caravane se reforme. Le groupe des 12 cyclistes s’élance pour une longue, longue, très longue journée… Le temps est doux, Eole ne devrait pas nous causer trop de soucis, bref, la bonne humeur règne, le moral des troupes est au beau fixe.
Seconde étape
Aujourd’hui sera la (big) grosse journée de ce raid, près de 200 kilomètres sont annoncés, mais plus délicat, c’est le relief que l’on a rapidement évoqué qui risque de miner les organismes.
Dans l’immédiat, direction le Sud, vers Saint Hilaire près d’Agen où nous sommes attendus. Accroche-toi Jeannot, serre bien les cale-pieds, arrime ton casque, la journée est à nous. Ché pas c’que j’ai, mais j’ai les jambes en coton…
En avant ! Toute appréhension disparaît après quelques tours de pédale, l’effort d’hier ne semble pas avoir laissé trop de séquelles, droits sur le guidon nus recommençons à avaler les kilomètres. Nous poursuivons notre route touristique. Rapidement nous atteignons Sainte Foy la Grande, chouette bourgade fleurie, un grand pont surplombe la Dordogne en contrebas, des plages de sable sur les bords inviteraient presque à un arrêt … arrête de rêver et pédale, plus que 180 bornes ! Tiens, alerte !
Petit problème.
- Président, manque deux gars !
- On s’en fout, i’ nous rattraperons !
- Mais c’est Martial et Francis, ils ont la clé du bar et des frigos !
- ……..Autant pour moi, on les attend !!!
Heureusement, Ste Foy n’est pas cette grande capitale des Deux-Sèvres, après une petite attente, l’Amicale se retrouve au grand complet et peut continuer sereinement son pèlerinage vers la lointaine agglomération toulousaine et son cassoulet qui, paraît-il nus attend.
Une petite vingtaine de bornes et nous laissons derrière nous la Dordogne, le Tarn et Garonne à l’honneur de nous accueillir à son tour. Nous retrouvons un paysage aux formes arrondies couverte d’un patchwork de cultures céréalières qui couvrent les sommets. Le peloton s’étire dans les difficultés, des maillots blancs et verts musardent à l’arrière, à l’avant comme il se doit, la tunique « flashante » de couleur or de Philippe.
Un arrêt au 38ème kilomètre permet le regroupement. De grands panneaux publicitaires nous apprennent que nous sommes dans la zone d’AOC Côtes de Duras, les vignes du Seigneur nous entourent, une vente de pinard et de fois gras est proposée aux gourmets, ça y est c’est l’Eden !... pour nous se sera pour une autre fois.. Dur, dur le métier de coureur, on nous met l’eau à la bouche, et pis une fois qu’on a bien salivé, circulez, y’a rien à voir ! Je l’aurai un jour le président, je l’aurai ! Commence par m’courir sur le haricot ! Jouer avec le ventre… tout sauf ça !
10 heures et demie, arrêt à Miramont de Guyenne, grand regroupement de la logistique et des coureurs. Près de 60 kilomètres viennent d’être parcourus. Quelques barres vitaminées, fruits secs apportent des calories à nos organismes éprouvés et un réconfort psychologique.
Le relief plus accentué use de plus en plus. On ressent les efforts de la veille.
Saint Hilaire est encore à une petite quarantaine de kilomètres, nous roulons depuis un bon moment dans une succession de montagnes russes bien accentuées. Dans l’une d’elle plus éreintante que les autres, notre Michel jette l’éponge, il avouera par la suite que Marie avait oublié de remplir le bidon de porto, breuvage avec lequel il s’était préparé. Grave erreur Mimi, elle aurait du le prévoir. L’année prochaine ; surveille bien le contenu de tes bidons. Tu vois, le chef doit toujours contrôler la troupe. La confiance n’exclut pas le contrôle mon gars ! Bon certes, faut les monter les 90 kilos ! Regarde ceux qui sont taillés dans des bâtons de sucette, i’ z’ont pas d’mal dans les côtes, mais sur le plat, font moins les marioles ! Et pis j’suis l’doyen, à votre tour de faire vos preuves les gamins !
On se rapproche, encore une longue côte qui nous fait accéder à Montpezat. Dernière gosse difficulté (pour la matinée), Jean Pierre comme toujours, virevolte de l’arrière à l’avant et maîtrise son sujet, le p’tit Jojo tient le bon rythme, Jean Claude a rajeuni de 10ans, l’entraînement printanier a payé, il avale les difficultés. Patrick dont les côtes (les longues) ne sont pas la tasse de thé les apprécie mois. Le beau-frère de Philippe, le coureur à pied, est venu nous saluer. Tiens, peu après, le p’tit Jojo nous fait le coup de l’incident technique avec une crevaison. Il faut préciser que nous avons été épargnés jusqu’à présent de ces petits tourments techniques.
Au même moment surprise, divine surprise ! Aurait dit le bronzé de Marseille, une petite escorte de Saint Hilaire est venue à notre rencontre pour nous accueillir et nous guider dans ce dédale de petites routes à venir. Délicate attention, des beaux pruneaux gorgés de vitamines, d’Agen comme il se doit nous sont offerts. On touche au but de cette demi-journée, avec enthousiasme on appuie sur mes pédales. Le peloton est au complet pour arriver groupés à Saint Hilaire. Ne perdons pas de temps, nous sommes encore en retard. Ultime accélération de la matinée.
Tiens, que se passe t-il devant ? Un vélo est à terre, c’est Jean Noël qui s’est gaufré, il se tient le coude, en sang. Assis dans l’herbe, les accompagnatrices sont près de lui. I’fait décidément n’importe quoi pour accaparer l’attention des femmes. Ah ben c’est le grand jeu, entouré de Maryse, Marie qui prend des photos, Nicole devenue infirmière de campagne et qui le tamponne, est-ce que t’as mal ? Comment te sens-tu ? Et gnagnagna… En plus i’ met di sang sur le goudron, quelle horreur, ça va attirer les mouches ! Allez, on est en retard, en selle, on y va ! Mais la selle de son vélo est cassée ! Mais qu’est-ce qui s’est passé B….. ? I’ lâchait encore son guidon ?
Selon des témoins, il aurait voulu imiter Candéloro dans une quadruple boucle piquée…Alors l’envol et le vol plané étaient corrects, mais c’est le retour et le toucher sur la planète qui n’étaient pas franchement réussis ; va falloir travailler cette séquence pour le prochain rassemblement de 2010. Dans l’immédiat on perd du temps, on va être encore en retard pour le casse-croûte. Allez, on l’embarque et on verra plus tard. Evidemment c’est encore une dame de Saint Hilaire de Lusignan, commune hôte qui l’installe dans sa voiture.
Après ces petits incidents, nous touchons au but. Nous sommes accueillis au gymnase de St Hilaire de Lusignan, petite commune aux portes d’Agen. Encore une fois, quel accueil ! A l’instar de nos compatriotes de St Hilaire de Barbezieux, nos hôtes débordent d’attention, une grande table est couverte de produits régionaux dont une pléthore de fruits magnifiques et gorgés de sucre, des brugnons, des pêches blanches, jaunes, juteuses à souhait… Il est vrai que nous sommes dans une très importante région fruitière, pour les jardiniers de notre sympathique amicale, ces fruits font rêver. Après les suées de la matinée dans tous ces raidillons, quel ravissement de déguster ces nectars…et d’autres se font panser, masser, papouiller… ben ouais, pour être précis, ils en profitent quoi !
Nous prenons congé avec regret de nos hôtes après les photos d’usage. Récapitulons : 190 plus 125 (chiffres approximatifs) font 315 ; la moitié est donc largement dépassée, partis pour 450 à peine, plus que 130 environ, et une (très) petite centaine cet après-midi. Ce petit cheminement arithmétique est toujours bon pour le moral pour se motiver. C’est donc comme en 14 que l’on remet ça la fleur au fusil pour l’avant-dernier tronçon, et c’est comme en 14 que les désillusions vont arriver mais n’anticipons pas.
Tiens, il en manque un… ben oui, c’est Jean Noël, finalement il préfère la climatisation d’une voiture confortable à l’air chaud de ce début d’après-midi. Il ressentirait quelques douleurs consécutives à sa démonstration ratée ; En fait il tire au c… et va se faire trimbaler jusqu’au terme de ce périple, la honte ! Enfin, c’est son choix, ceci ne nous ………..
Serait-ce in contagion de flémingite ? René lui aussi nous joue le grand jeu, il déchire malencontreusement son cuissard, et bonne excuse il monte dans une voiture. Nous le verrons plus loin se trimbaler en petite tenue dans les rues d’Agen au plus grand bonheur des Agenaises paraît-il.
Sur conseil de nos hôtes, nous empruntons la piste qui longe le canal du Midi, un régal cette mise en jambe. De hauts platanes bien représentatifs du Sud jalonnent des berges plus propices à la détente qu’à la défonce à venir. Nous cheminons ainsi sur plusieurs kilomètres dans ce cadre idyllique, respirant le calme et la quiétude. Nous traversons la Garonne et repiquons plein Sud. Cette fois, nous évoluons dans des champs de kiwis ; encore un peu tôt pour la récolte, les fruits sont comme des grosses billes et ne seront pas récoltés avant novembre pour un mûrissement ultérieur.
A présent, le Gers, terroir de bonne chère nous reçoit, ce nom évocateur fait saliver, il fait penser au foie gras, au confit, à l’Armagnac… pas question de se désunir, restons concentrés, cet après-midi nous aurons au menu, fruits secs, barres céréalières arrosés d’un excellent château Lapompe, éventuellement avec quelques arômes de sucre roux, blanc, mile, thé pour les plus raffinés.
Ca y est aaah ! Les hostilités recommencent très rapidement, après le plat de la plaine de Garonne, nous revoici dans les côtes, les descentes, les côtes, les descentes…elles deviennent plus pentues en roulant sur les petites routes. Martial a un coup au moral et lui aussi, courageusement fait le bon choix de sa vie, il monte non sans remords dans son confortable camping-car climatisé, quel déchirement ! Maintenant c’est Francis qui assurera la réputation de la maison Spar, pour quelques temps encore…
On s’enfonce dans le Gers, un paysage moutonneux s’offre au regard, pas de sommet comme point de repère, non, le relief est uniforme, semblable à la partie du Lot et Garonne, couvert de cultures formant un carroyage de verts et de couleur paille. Une bastide parfois couronne l’une de ces hauteurs. Dans le Sud-Ouest, la bastide est un village agencé au Moyen-âge et généralement fortifié. Et pendant que certains font du tourisme, on ne dira pas les noms, d’autres montent, descendent, remontent, redescendent… Victoire, ils ont découvert le mouvement perpétuel !
Et comme cette race disparue de nos jours, les shadocks pédalèrent, ils pédalèrent tant et plus, même pour compenser les lieues que ceux qui, courageusement avaient choisi de suivre en véhicule dans ce relief tourmenté, Patrick renonce à sont tour, après tout, Cédric défendra encore haut et fort les couleurs de la famille, chacun son tour ; c’est à celui de Francis de rejoindre les voitures-balais.
Notre peloton devient étriqué. Restent sept forçats de la route, pliés sur leurs montures, têtus comme des mulets du Poitou, assurément ils ont le même ADN, bien décidés à aller jusqu’au bout de cette galère, Jean Pierre, pas de problème pour lui, Jean Claude c’est ok, notre petit Jojo qui s’arc-boute sur sa machine mais qui ne rompt pas, toujours opiniâtre dans l’effort, il n’aura pas cédé. Cédric qui doit penser que c’est la der des der et que papa ne l’y reprendra plus, mais qui avance toujours, « vivement ma majorité, j’ferai c’que j’voudrai », et notre binôme de Fifi, i’ maîtrise, le moulineur mouline toujours de plus en plus, plus i’ roule, mieux i’ s’porte, à ce train là faudra l’arrêter car i’ va attaquer les cols pyrénéens tous proches.
Et c’est dans ces moments extrêmes que l’on voit ce que peuvent faire des hommes à force de courage, de ténacité, d’opiniâtreté, de renoncement. Alors que le crépuscule commence à poindre et que ses premières ombres enveloppent ce paisible paysage, ils ont refusé l’aide qui leur été proposée pour rallier avec une totale abnégation le lieu de bivouac, ils ont dit non à la tentation (Eve à l’aube de la création aurait bien pu s’inspirer de nos valeureux grognards empédalés, on serait pas à en baver toute une vie durant par la faute du péché originel, ah ces femmes, que de tracas !)
Oui, jusque dans ces dernières difficultés, ils ont refusé de monter dans une voiture et sont resté à ahaner sur leur destrier, comme des galériens attachés à leur aviron. Alors que les villageois commencent à éteindre les bougies, pliés en deux sur leurs machines, arrachant le goudron à force de tirer sur les manivelles, ils ont fini par atteindre à la nuit tombante Montfort, cette ancienne bastide et son camping situé après une ultime côte. Ils sont arrivés, ils sont apparus, comme des revenants, sortant de l’ombre, surgissant à la sortie d’un tournant, débouchant sur le lieu de bivouac, éreintés, épuisés, vannés, lessivés, exsangues, à ce stade il n’y a plus de qualificatif pour définir un tel jusqu’auboutisme, mais comblés d’avoir réussi l’impossible ! Malgré la petite pointe d’amertume du moment, ils sont contents et peuvent savourer la performance accomplie que seules la volonté et la hargne de sportifs accomplis, convaincus, arrivent à réaliser, poussés dans leurs derniers retranchements ! Tout cela mérite assurément l’hymne national « Allons enfants….. Hissez les couleurs… Fermez le ban »
A table !
Tiens miracle, comme à l’accoutumée ce nom semble ressusciter nos vedettes un tantinet éteintes ! Après les ablutions, le moment de réconfort habituel, faut dire qu’une nouvelle fois, Martial nous comble des victuailles sorties direct de ses rayons, le bruit joyeux d’un premier bouchon qui saute dans la douce nuit qui s’est installée, agrémentée de douces effluves de grillades alors que Francis s’active au barbecue, achève de raviver l’étincelle d’yeux à moitié vitreux, éteints par l’effort. Les marques sur les visages de cette performance intense fournie durant la journée s’estompent, les sourires reviennent, après le doute la bonne humeur reprend le dessus et s’installe à nouveau parmi nous.
Les locaux, sans doute couchés à cette heure tardive, il est plus de 22 heures, ont délégué leur accueil et encouragements à leur armée de cancrelats. Ca court et vole de partout. Quel beau spectacle que ce vol de myriades de cafards qui grâce à leurs brillantes élytres renvoient des étincelles de lumière des lampadaires, quelle féerie ! Du noir du ciel fondent les chauves-souris qui se repaissent de ces malheureux cancrelats. Ainsi va la vie sauvage, manger ou être dévoré. Merci à la commune de Montfort pour cet accueil. Jean Noël qui dormait à la belle étoile a même eu droit à d’agréables chatouilles de ces adorables petites blattes, privilégié encore une fois !
Calfeutrés dans nos tentes et camping-car, nous n’avons pas cette faveur de Dame nature.
Pendant que Marie et Maryse étaient parties à la rencontre de nos valeureux pour tenter de les soulager et de raccourcir leur chemin de croix, la volontaire et toujours disponible Nicole, aidée de René, montaient le bivouac pour la nuit, corvée épargnée aux champions à leur arrivée. Moralité, cette journée dantesque, 215 bornes au compteur, un record dans les anales du club. L’itinéraire emprunté et relevé sur une carte Michelin ne reflète guère la dénivellation, en voiture, aucun souci, la pédale de l’accélérateur reste toujours souple ; à biclou c’est une autre romance, la pression diffère selon que l’on escalade ou que l’on descend… personne ne contredira cette vérité, comme Lapalisse qui avant de mourir vivait encore.
On se souviendra du Gers, mais ce n’est pas fini dans ce département, après une petite nuit de sommeil réparateur et une grasse matinée jusqu’à 7 heures ! Encore merci Président, ton grand cœur te perdra ! Selon les cris perçus durant la nuit, il semblerait que certains ont été perturbés en revivant en cauchemar l’odyssée du jour. Pas rancuniers, et pour en garder ce qui deviendra au fil du temps un bon souvenir, l’équipe se retrouve pour une phot de famille devant les vieilles halles de la commune.
C’est le départ de cette dernière demi étape. De la récupération en somme après les efforts inconsidérés de la veille. Une petite soixante dizaine pour assouplir la peau du derrière, tannée par toutes ces heures cumulées de selle, et détendre les organismes tendus.
Troisième et ultime étape
A froid, c’est imagé car la température est douce, nous redescendons de notre nid d’aigle, vite nous replongeons dans une première longue montée la tête dans le guidon, histoire de ne pas voir sa longueur interminable, c’est meilleur pour le moral, ou moins mauvais au choix. Finalement après ce début laborieux, le rythme est vite repris, la musculature se dénoue, le souffle reprend son rythme normal avec tout de même une certaine fatigue résiduelle. Notre troupe quasi complète repart bon pied bon œil, la briocherie du petit déjeuner produit son effet.
Nous quittons définitivement le relief pour aborder la plaine de la Garonne, ayons une pensée émue pour notre ami Jojo, non pas le p’tit, l’autre, de La Grève qui présentement traque en ce moment même la dame mouchetée dans les torrents pyrénéens pas loin d’ici ; du côté du Pas de la Case, bien connu pour d’autres motifs n’ayant que peu de rapport avec le vélo et la pêche. Oui, lui le fana des grandes côtes bien pentues qui en redemande inlassablement dans notre plat pays, il se serait certainement épanoui et amusé dans toutes ces grimpettes, n’est-il pas vrai Jojo ?
Certes il y a cette fatigue accumulée les deux jours précédents, mais la fin est proche, et ces quelques dernières dizaines de kilomètres à parcourir ne représentent plus que le dessert, qui s’apprécie comme tel. Un arrêt est organisé à l’Isle-Jourdain au bord d’un lac, quelques délicatesses avalées, bues, et nous reprenons la route pour quitter rapidement ce département 32 sans se retourner. Ouais, on aurait pu y rendre notre dernier souffle saperlipopette !
Dernier département, ça devient bon, la Haute Garonne se montre plus accueillante, y’a plus de côtes, i’ fait bon. Plus qu’une petite quarantaine de kilomètres, on fonce (c’est imagé encore) sur St Lys, point de rassemblement avec nos homologues du Vélo Club de Saint Hilaire venus à notre rencontre.
Après quelques doutes nous les retrouvons. Vêtus de chouettes maillots jaunes avec des dégradés de bleu et de rouge pour le cuissard, ça devrait nous inspirer pour l’avenir, non ? Ils sont venus en nombre à notre rencontre, que cela réchauffe de cœur après ces moments difficiles. Même Cédric, ne ressentant plus de douleurs réintègre ce gros peloton qu’il avait délaissé un moment à la suite d’une grosse gêne passagère. Nous roulons de conserve, faisant connaissance, échangeant nos impressions. Nous empruntons des petites routes et pouvons converser librement, aidés par la platitude ce cette plaine de la Garonne que nous retrouvons après l’avoir quittée à Agen. Nous pourrions reprendre le slogan prononcé par ché pu qui :
Fra-ter-ni-té ! FRA-TER-NI-TE, FRA-TER-NI-TE !
A propos Président, j’ai une idée géniale ! Si on doit revenir à bicyclette, on pourrait suivre tout simplement le cours du fleuve jusqu’à Bordeaux, en évitant monts et vaux, non ? La ferme ! Pfffff, même plus le droit de s’exprimer, pour une fois qu’j’avais une bonne idée !
On approche, on sent le vent d’Autan qui nous apporte ce délicieux parfum de cassoulet. Derniers coups de pédale et c’est la délivrance, Saint hilaire est atteint. Un animateur au micro annonce notre arrivée, un immense frisson de soulagement nous étreint. A l’entrée du village, nous passons sous une grande banderole suspendue au dessus de la route, applaudis par de nombreux festivaliers connus, coiffés de casquettes jaunes ! Et inconnus déjà arrivés en nombre. C’est le moment des photos, des congratulations, nous retrouvons note maire, notre pimpante Michèle. Nous sommes accueillis sur le podium, Jean Pierre confie nos impressions lors d’une interview par le maire de Saint Hilaire. Ce dernier remet au Président un trophée qui trône désormais chez Jean Jacques Gogué.
A présent, l’esprit libre de toute contrainte, soulagés d’avoir réussi, comblés pour ce nouvel exploit e 475 kilomètres pour rejoindre le cœur de l’Occitanie, nous allons pouvoir apprécier les festivités que nous aurons bien méritées de ce quatrième rassemblement au son des flonflons et des joyeuses trompettes locales, olé !