Rassemblement 2010 à Saint Hilaire Saint Mesmin (45)

18/02/2012 14:41

RASSEMBLEMENT A ST-HILAIRE ST-MESMIN
Préambule : phases préparatoires  psychologiques et physiques

Petit frimas en cette soirée de janvier, ce mois de l’année ne déroge pas à la règle. La nuit enveloppe les rues désertes de Saint-Hilaire, les paludéens semblent se calfeutrer dans leur intérieur douillet en proie à une douce hibernation. 
Tous ? Non, on s’anime près du local du syndicat d’initiative et du tourisme.
Quelle est cette agitation qui contraste avec la torpeur des rues alentour ?
Oui mes bien chères sœurs, mes bien chers frères, en ce troisième samedi de l’Epiphanie, notre bienaimé président omniscient  a convié tous ses dévots de l’Amicale cycliste à assister à l’assemblée générale annuelle ; en ce début d’année, que la paix et la félicité soient sur lui pour l’année à venir,  sur ses descendants présents et ceux  à venir.
Cette année revêt un caractère particulier, les années passées, une douzaine de pèlerins et de pèlerines assistaient à cette grand-messe, assis autour d’une table ronde.
Ce soir, grâce à l’afflux de brebis égarées, gagnées  par la foi qui anime notre secte,
Saint-Jean-Claude, de sa chaire, préside un auditoire d’une trentaine de dévots. A sa gauche, ses servantes, Ste-Nicole, Ste-Catherine, devant lui un parterre de tous ses apôtres et leurs dévouées bigotes, St-Jojo, Ste-Monique, St-Jojo bis, St-Claude, Ste Corinne, St-Patrick, Ste-Michèle, St-Olivier, St-Jean-Pierre, St-Francis, St-Martial, St-Philippe, Ste-Christelle,  St-Gérard, Stes-Nicoles, Ste-Marie…j’ai failli oublier Ste-Maryse (j’aurais pu recevoir une rafale d’eau bénite pour cet outrage), pour les autres, pardonnez votre rédacteur s’il vous a oubliés, c’est la faute de tonton Alzheimer qui se manifeste déjà.
Au programme : bilan de l’année passée, avec une mention particulière de ce chemin de croix sanguinolent du côté de St-Hilaire en Haute -Garonne, qui restera gravé à jamais dans le cœur des vaillants qui l’auront accompli, encore plus dans leurs mollets de campeurs.
Le bilan financier est présenté, toujours aussi équilibré. Tiens Mr Baroin et ses prédécesseurs  pourraient demander conseil à la trésorière.

Mais notre saint Président n’est pas un homme du passé, non ! C’est un homme d’avenir, oui ! (Quel fayot je fais… ben ouais, si j’veux aller au ciel, paraît qui y’a 40 vierges qui m’attendent, faut que j’mette le paquet, et pas qu’de viagra !).
L es activités de l’année à venir sont présentées.
Sortie fin juin… non, non, on t’a pas appelé Patrick, tu peux te rendormir, on te réveillera pour l’apéritif ; oui, revenons à notre classique annuelle à la Grière que certains rallieront en tandem, programmée sur le week-end.
Gros coup de main pour l’organisation des festivités du 14 juillet avec le comité des fêtes.
Une semaine plus tard ce seront « les foulées maraîchines » qui mobiliseront les effectifs de l’amicale.  
Et nous arrivons au moment tant attendu. Notre président, après s’être éclairci la voix,  dévoile son oracle à un auditoire retenant son souffle, « c’est officiel, nous rejoindrons à vélo le prochain rassemblement des St-Hilaire à St-Hilaire St-Mesmin près d’Orléans, soit 300 kms et des clopinettes » ! Sonnez fifres et tambourins ! L’émotion gagne l’assemblée. Merci Président.
Des extraits de cartes mentionnant le circuit, ses étapes, sont affichés et consultables par tous. Il nous  précise même, il nous fait le coup chaque année, que dans le val de Loire, le vent sera avec nous et nous poussera jusque dans le Loiret. Béni soit notre efficient Guide Suprême. Jojo cette année, c’est pour toi le rouleur, pas de mécaniques, mais de pédales.

Et d’apporter toutes les précisions, distances des étapes, haltes chez nos coreligionnaires avec casse-croûte, lieux de bivouac, de repas… enfin des douceurs qu’on aime bien entendre si l’on veut que le soldat  avance.
Tout le monde il est content, ce rassemblement s’annonce sous les meilleurs auspices. Ce ne sera pas un chemin de croix, mais une promenade bien gentillette pour aller goûter les saveurs du terroir orléanais.
Avant de clore ce premier acte de la soirée, St-Patrick dévoile que notre Leader Maximo veille d’un œil bienveillant sur notre schisme depuis 20 ans !!! Pfffftttt. Assurément ce saint homme  mérite sa béatification. Tiens faudra s’en souvenir !
Deuxième acte, après ce travail intense spirituel, nous revenons à des considérations beaucoup plus terrestres, et nous passons à table. La bonne humeur est de mise, les verres remplis s’entrechoquent. A cette nouvelle année, à la réussite de nos projets, à la santé des uns et des autres, et qu’aucun incident ne vienne meurtrir l’un de nos vaillants rouleurs.
Peuvent ensuite circuler les entrées, plats chauds, desserts.

Les semaines ont passé. Les beaux jours se sont installés avec ce joli mois de mai. Enfin c’est ce que l’on dit, car en cette fin de soirée la météo n’est pas vraiment le reflet de cette assertion, et le temps est à l’humidité. Qu’importe, nous voici tous rassemblés à  la halle à défaut d’un endroit plus champêtre programmé. Mais pour quelle raison, grand maître ? Souvenez-vous, à l’AG, nous apprenions que Jean-Claude, s’accrochait aux rennes du pouvoir depuis 20 ans, comme la misère sur notre pauvre monde, et qu’il envisageait de poursuivre son sacerdoce pour dépasser son idole, Kim Jong Il, le leader coréen, en poste depuis l’aube de la création. Pas de problèmes, il a le soutien inconditionnel de ses ouailles. Alors pour fêter cet évènement, celles-ci se sont réunies pour lui offrir une magnifique bicyclette, qui viendra remplacer son vieux bourrin, pardon mulet appelé à profiter d’une retraite bien méritée après tant d’années de bons et loyaux services, selon la formule habituelle.

Le temps s’écoule de nouveau, la préparation s’intensifie, avec l’allongement des jours, les distances font de même, c’est l’inflation, cette gangrène s’installe décidément partout.
Fâcheuse conséquence pour les lève-tard, le dimanche matin le départ se fait à présent aux aurores. A ce rythme on ne va pas tarder à rouler avec des projecteurs, une lampe frontale sur le casque et jouer au ver luisant. Enfin, vaut mieux rouler avec une frontale sur la tête que d’avoir des cornes. Psychologiquement c’est plus léger, c’est meilleur pour le moral !

Ah, petit break dans la préparation, pardon Mr Allgood (alias Toubon, croisé contre l’invasion d’anglicismes dans la langue de Molière), je voulais dire petite rupture. Pour perpétuer la tradition du club, le dernier week-end, nom de nom, (je voulais écrire la dernière fin de semaine de juin, l’anglois ne passera pas par moi), est consacrée à un doux moment à la Grière pour le noyau dur de l’Amicale, comme programmée lors de l’AG.    Déplacement à vélo à deux roues- une selle, ou à vélo à deux roues-deux selles, appelés tandems. Cette fois pas de couteau entre les dents, la sortie est paisible. Les fous furieux ne sont pas là ce dimanche, c’est une promenade, ouf ! Un peu de répit. Les hostilités viendront bien assez rapidement vers la fin juillet. Profitons d’un peu de bon temps. Pour assurer, certains ont passé les deux jours, après tout autant profiter de ce p’tit endroit encore bien charmant avant l’arrivée des touristes, c’est mieux que d’se meurtrir le fessier des heures durant sur quelques centimètres carrés ; d’autres, ne viendront que le dimanche, attirés par le pique-nique champêtre et les senteurs maritimes revigorantes.

Dernière ligne droite. Nous sommes en juillet. Le départ est encore plus tôt, aux matines ! Dur, dur. Quelle vie de galérien, les kilomètres s’enchaînent aux kilomètres, nos sorties dépassent allègrement les 100 kms. Bon, la vie est belle quand même, la météo toujours clémente, ne nous contrarie pas dans notre préparation. Un vent variant du sud-ouest – nord-ouest semble se maintenir. Y’a plus qu’à brûler des cierges pour qu’il reste à peu près dans cette orientation et qu’il ne bascule surtout pas de 180°.

Mercredi 22 juillet, tout se précise. Nous sommes tous dans les starting-blocks. Jean-Claude et Jean-Noël partent accueillir à Aiffres Jacky et Guy, deux coreligionnaires. Tous deux arrivent de St-Hilaire de Lignières. Le premier à vélo, paquetage réduit dans un petit sac à dos, arrive du Cher et a passé une nuit à l’hôtel ! Le second plus prudent, arrive en voiture, tout bronzé car la veille ou l’avant-veille il était encore en Corse. Il fera Aiffres St-Hilaire en deux roues, histoire de se préparer un peu,  de contrôler que la mécanique, humaine et technique, n’est pas trop rouillée et apte pour les deux journées et demie à venir. Il est temps… car la préparation a été un tantinet  délaissée.

Jeudi 23 juillet  6 heures 30. Le jour de gloire est arrivé. Ce n’est pas le Grand Soir, mais plutôt le Grand Matin.
La météo est pluvieuse, quelques flaques d’eau marquent le passage d’une perturbation durant la nuit, journée heureuse alors ?
Le départ va avoir lieu dans une demi-heure. La place de la mairie commence à s’animer. Les premiers arrivent, des fourmis dans les mollets, impatients d’en découdre avec l’asphalte.
Nos fidèles groupies, logisticiennes pour ces trois jours sont encore sollicitées, encore et toujours volontaires pour nous soutenir dans cette douloureuse épreuve, ah mon Dieu ! Que cette abnégation est touchante ! Pour les atteindre dans leur grande modestie, citons les : à tout seigneur tout honneur, Maryse , Marie, Marie-Claude, Christelle et enfin les Nicoles (avec un s comme chez les anglais ; tout le monde connaît Nicole, épouse de Patrick, mais il y a une seconde Nicole, épouse de Gérard, dont tous les gourmands ont déjà apprécié les préparations culinaires).
Mais avant ce grand départ, place aux honneurs et aux traditionnelles photos, timides s’abstenir, la discrétion n’est pas de mise ce matin. Clic-clac, merci tonton, fais une photo ! La Nouvelle République est présente consciente de ce grand évènement… tiens, mais le Courrier de l’Ouest n’est pas venu ? Mais qu’importe, notre grande reporter Michèle est présente ; et pour nous encourager avec Monsieur le Maire, toujours fidèles à nos exploits, et pour immortaliser tous ces petits et grands moments qui font la vie de notre Amicale.
Cette année, du fait de notre effectif croissant,  ce ne sont pas moins de 16 valeureux qui prennent le départ pour 365 kms.
Citons ces bienheureux, ils seront ravis plus tard, bien plus tard, des petits ou arrière petits-enfants sur les genoux, de faire lire leurs exploits du temps jadis à leurs chères petites têtes blondes ou … frisées … avec l’évolution aurait dit Darwin ????
Jean-Claude Ecotière, notre dévoué président à vie ; René Brisson, survivant d’une lignée d’amicalistes  en extinction ; Patrick Juin, ronchon toujours en bonne forme, quel que soit le temps ; Michel Barbin, notre doyen, grand spécialiste des côtes … à reculons, mais les préfère nettement lorsque la déclivité s’inverse ; Philippe Mathé, qui aime particulièrement se placer en sûreté dans le sillage de ses camarades, oui,oui, « pour ne pas se perdre » dit-il, pour nous claquer un sprint dans les cent derniers mètres; son beau-frère, l’accrocheur et vaillant Claude Bouhier, qui avec ses charmantes lunettes, fait penser à Maya l’abeille ; Jean-Pierre Andrault, alter ego de Philippe, qui aime bien lui aussi préparer sournoisement ses sprints dans le sillage de ses copains, qui ne le sont plus le moment venu ; Joël Jacquot, dit le P’tit Jojo, prêt à cracher les boyaux et un p’tiot  reste de muscadet, mais qu’importe ça baigne toujours ; Loïc Le Mauf, le bronzé, vaillant sur le vélo et qui dévoilera des qualités surprenantes dans les côtes, sur le plat… ; Gérard Méchain, la locomotive, qui fait l’unanimité sur le plat,  car apprécié de tous les morpions, nombreux, qui adorent se placer dans son sillage ; Jean-Noël Pacorel, déserteur l’année dernière en cours d’action, un comble pour un représentant de la grande muette ; après avoir réappris à faire du vélo, devrait se racheter et terminer l’odyssée 2010 ; Francis Gelot, cycliste d’un jour, candidat au suicide par épuisement, itou pour son big boss, Martial Regrénil, tous deux ont bien du rouler 34 kms 600 (distance cumulée) depuis le précédent rassemblement, mais qu’importe, ils sont bien décidés à affronter la Gâtine et ses bosses. Et en prime, satisfaire nos estomacs affamés le soir venu aux bivouacs à venir, pour cela, tout le monde il est d’accord, ils méritent tout notre respect ; Jean-François Darles, dit Tonton, vite, un p’tit coup de blanc sinon j’m’évanouis ! In Vino Veritas ! Oui, oui ! Ergo bibamus (alors buvons !) .
Pour terminer, nos deux aliens (étrangers) venus d’ailleurs, du Cher, précisément, se joignent de nouveau à nous après l’édition de l’Allier, Jacky Pédard, non-gréviste quand il s’agit de vélo, cycliste confirmé et son copain Guy, lui aussi à l’instar de Martial et Francis est sur la liste des vivants en sursis, pratiquement aucune préparation depuis … si longtemps. Une petite brioche bien présente semble le confirmer, qu’ça va être dur à monter  tout ça dans notre accueillante Gâtine !
Bien, les présentations faites, passons aux choses sérieuses. Tout notre petit monde est présent pour la photo ? 6 h  45. Rassemblement comme prévu sur le parvis de la mairie, Clic-clac, les flashes crépitent dans la grisaille de ce jour naissant qui sera le plus long de notre périple. Chacun va enfourcher sa bicyclette… Ah ! Evidemment arrivent tout  essoufflés  deux retardataires, ils ne figureront pas sur la photo de l’album de famille, tant pis pour eux. La discrétion m’empêche de dévoiler leur identité, ce n’est pas l’esprit de cette gazette et de son rédacteur… heureusement pour lui.
Mais tout de même, toutes nos forces vives ont répondu présent pour ce pèlerinage annuel… ??? Ben non, il en manque encore un, encore le même que l’an passé. S’est-il noyé dans un trou de brie en traquant le brochet ? Nenni, il a préféré aller toquer la dame mouchetée dans les torrents de l’Ardèche. OOOUUUUHHHH ! Encore une fois ! Mais ceci ne nous regarde pas. Vous aurez tous remarqué l’extrême  discrétion de votre narrateur qui n’a pas cité de nom.
Mais le compte n’y est toujours pas, a  fui également Philippe, l’autre, de La Rivière qui a préféré troquer sa selle de vélo à celle du cheval pour galoper sur les terres où erre encore le fantôme de Gengis Kan.
Tant pis pour eux, lâcheurs, on vous aura un jour !


PREMIERE JOURNEE

7 heures, avec un immense soulagement et une certaine euphorie, le départ est donné. C’est parti pour près de 400 kms !
A nous les grands espaces, les kilomètres à venir, plus de 160 pour la mise en bouche de cette journée qui nous conduira près de Saumur, à St-Florent St-hilaire.

Nous nous élançons sans hâte les uns après les autres, sous les encouragements,  d’amis, de nos supportrices, d’épouses attentionnées, direction Arçais; le peloton se forme à la sortie de St-Hilaire. Les vuvuzellas auraient été les bienvenues pour faire savoir aux villageois que des braves allaient affronter l’asphalte et porter haut les couleurs paludéennes.
C’est parti. Comme à son habitude René donne le tempo et emmène notre peloton. La distance sera longue, il faut ménager sa monture, et aussi dans un souci d’esprit d’équipe, faire en sorte que tout le monde suive, chacun n’a pas eu la même préparation. Mmmm, MMMM… inutile de revenir sur ces privilégiés de retraités … Non, cette année la guerre entre actifs et les autres n’aura pas lieu, ce n’est pas l’esprit de cette gazette bien évidemment !
Le temps reste couvert, à l’évidence ce ne sera pas la canicule, un vent du nord-ouest est prévu, et pourrait nous poser quelques soucis, pour le moment il est nul, et personne ne s’en plaint.
Nous adoptons un train de sénateur, 24 – 25 kms. Direction plein nord, rapidement nous quittons cette fois notre département que nous laissons derrière nous, et entrons en Vendée aux Bourdettes, Damvix, puis Maillezais.
Nous arrivons avec une certaine avance à St-Hilaire des Loges où un accueil est prévu. Le ciel se dégage, le soleil commence à se montrer entre  les nuages. A 9 heures, un petit déjeuner nous est servi, constitué de la fameuse brioche vendéenne, comme il se doit. Tout cela est bien apprécié et retape les organismes, même si ce n’était pas vraiment indispensable, mais, que cela fait du bien !
Récapitulons, nous avons fait 30 kms, nous avons dépensé 1000 calories, nous en regagnons
2000, ça va être difficile de faire fondre certaines poignées d’amour…
Nouvelles prises de vues, dont sous cette belle statue de Jeanne-d’Arc notre héroïne nationale, fière amazone. Nous la quittons, illuminés par sa grâce.
A présent nous sommes en Gâtine, nous goûtons au plaisir de grimper ces petites côtes, de les redescendre, un paysage qui change beaucoup de notre plat pays. Toutefois les avis sont partagés, rien de traumatisant et surtout de comparable après les reliefs de la Dordogne et encore plus du Gers de l’an passé qui en ont traumatisé plus d’un. Tiens, Martial ne partage pas cet avis semble-t-il. Francis et Guy le chérubin du Cher non plus ?
Payré, Foussais-Payré,  Puy-de-Serre enfin  St-Hilaire de Voust, c’est à présent dans cette dernière commune que l’on nous accueille toujours avec beaucoup de gentillesse. Nouveau petit en-cas, encore 1750 calories d’ingérées. A ce rythme, on va ressembler à des bouddhas samedi midi, et faudra monter la pression à 20 dans les chambres à air.

Bien repus une nouvelle fois, on remonte péniblement sur nos deux-roues. Ouuppppssss ! Qu’elle était bonne cette brioche et ces croissants !
Cette fois c’est du sérieux, nous sommes partis pour rouler très longtemps, au moins pendant deux heures et demie, jusqu’au pique-nique de midi… pas sûrs que l’on y arrive. Ce pèlerinage gastronomique est des plus éprouvants. Monsieur le Président, l’année prochaine, faudrait organiser des casse-croûte durant nos entraînements pour se préparer au mieux, cette noble mission de ravitaillement pourrait échoir à Madame la  présidente qui nous apporterait les croissants chauds, brioches, et café du côté de Velluire ou en haut de la côte de St-Rémy.

Tiens à La Chapelle-aux-Lys, des admiratrices aux cornes impressionnantes mais inoffensives ont forcé les barbelés de leurs pâtures pour venir nous admirer, de belles charolaises occupent la route, une manif ? Quelle chienlit !

La Chapelle -St-Laurent, nouveau cliché au pied de Jeanne d’Arc, décidément ce symbole national veille sur notre parcours.
Boismé, à peine le temps de s’extasier en passant devant un étang entouré de son écrin de verdure, que nous attaquons un vilain raidillon. Le peloton éclate, les petits kilos superflus pèsent le quintuple.
Nos forces se regroupent et nous reprenons notre progression. Cap toujours nord-est, la brise de nord-ouest, ne nous gêne pas, nous l’avons sur notre côté. Le soleil est bien présent, le temps est doux, c’est plaisant de rouler ainsi. Toujours ces paysages vallonnés dont les brèves mais usantes côtes  finissent par miner les mollets de nos valeureux. La sécheresse est  très visible, les pâtures offrent un triste spectacle de paillasson, le bétail en cette fin juillet est déjà alimenté avec du fourrage.
Alors que Martial, Francis, Guy éprouvent quelques réelles difficultés pour suivre, les Loïc, Philippe and Co  jouent les trublions en décochant des accélérations en haut des côtes. VOYOUS  !
Michel n’est pas gêné par son dos, comme à son habitude, il se laisse distancer dans les côtes et revient à son rythme sur le plat.
Idem pour René, bonne surprise, nullement soucié par son genou, encore moins de son furoncle très mal placé qui lui a causé tant de soucis au printemps, il demeure aux avant-postes, à l’évidence tout se passe mieux qu’à l’édition 2009.
De lassitude, près de Noirterre, la bien nommée, Martial finit par mettre  pied à terre. Francis est vraiment à la peine, mais boulgui-boulgua, il fait son bonhomme de chemin ; Guy doit se demander ce qu’il est venu faire chez ces fous de pictons, mais persévère.
A Noirterre, Jean-Pierre et Claude font sécession  pour aller admirer le patrimoine local,  le monument aux Morts ?! … D’autres plus primaires demandent s’il n’y a pas une cave à voir pendant ce temps la, car les vignobles ne sont pas loin.
Après ce bulletin de santé et d’infos diverses, reprenons notre cheminement littéraire.

La première centaine de kms est dépassée, le moral est à 80 pour cent OOOoooKaaayyy !
Tiens, la technique se réveille et manifeste à son tour, Patrick crève,  pas lui il est bien vivant, la moustache toujours pas en berne, non une roue seulement. Réparation rapide, comme d’habitude, l’incident est vite réglé.
Plus sérieux, le gros des troupes s’est étiré dans ce relief.  Derrière, Petit Jojo a un p’tit coup de faiblesse ou  une crise de flémingite aigüe ( ?), seule la voiture balai le suit, la situation est dramatique va-t-il s’arrêter ?  Lui l’accrocheur, a-t-il glissé sur une peau de banane, c’est l’inconnue… résultat, il desselle et se retrouve à quatre pattes sur le bitume. Ouf ! Plus de peur que de mal, pour le moment il monte dans un véhicule suiveur, l’incident est clos. Après une minutieuse analyse, il semblerait que sa monture ait fait un écart. Ouais, ce sont des choses qui arrivent quand on fume de la moquette, pour l’heure c’est la seule explication.
Cette frayeur passée, nous nous re-concentrons sur notre parcours. Encore un effort et nous allons arriver pour la pause méridienne… à près de 14 heures.

Sainte-Verge nous accueille, des étoiles dans les yeux illuminent le regard de nos compagnes. Elles pensent qu’il s’agit là peut-être du lieu d’un culte phallique, où qu’il y aura un musée en l’honneur de ce monstre sacré. Ben non, c’est râpé, la seule satisfaction viendra de l’accueil chaleureux qui nous est encore réservé près de ce petit étang.
Pour ne pas rester trop incultes, un peu d’histoire pour cette sainte qui remonte à l’époque de notre bon St-Hilaire parfaitement connu de tous les paludéens et qui l’aurait baptisée.
Alors au 4ème siècle, cette jeune Marie, pas la nôtre, une autre, bergère, ne voulant renier sa religion catholique,  subit le  martyr et se fait décapiter à 13 ans par le seigneur local. A l’endroit où tomba sa tête, surgit alors une source. L’endroit devient Sancta Virgana, puis Ste Vierge au 12ème siècle, et enfin Ste Verge entre le 18 et 19ème siècle sous la Révolution, dans le cadre de la déchristianisation peut être, ou par malice par des locaux, en ayant voulu soustraire une lettre, cette appellation du langage local aurait été ainsi adoptée. L’endroit est d’ailleurs resté très anticlérical, anti-vendéen et républicain.
Précisions aimablement communiquées par notre spécialiste de Poitiers. Retenez bien, il a l’intention de contrôler vos connaissances sur ce sujet. Rien d’étonnant, c’est la déformation d’un enseignant retraité en manque d’élèves.

Pour l’occasion les vins de la région sont offerts à nos papilles, et  remplacent avantageusement l’epo, le redbull et autres boisons énergisantes de nos gourdasses qui empestent la matière plastique.
125 Kms ont été parcourus depuis St-Hilaire à la moyenne de 23,3 km/h.
Chacun tire le casse-croûte de son havresac, après ces six heures de selle, que c’est bon de se mettre à table ! Après cette collation, une sieste salvatrice au bord de cet étang, à l’ombre d’un saule pleureur, achève de requinquer nos guerriers. Plus qu’une quarantaine de kms pour nous rendre à Saumur, c’est dans le cuissard !

15heures30
RAAASSSSSEMBLEEEMEEENNNT! En selle la cohorte !
Petit Jojo rejoint le peloton, c’est reparti. Un peu comme les formules 1, va falloir chauffer les pneus et le pilote, la première demi-heure est toujours délicate après un repas pas forcément des plus appropriés. Faut que la digestion se fasse et que  les rôts s’évacuent.
Le rythme est de nouveau dans les jambes, les côtes de la Gâtine ne sont plus qu’un mauvais souvenir, et, dans l’immédiat le relief est favorable à un peinard réveil musculaire en douceur.
De fait, nous rejoignons Montreuil-Bellay, nous marquons un bref arrêt et nous en profitons pour nous  regrouper avec les véhicules de la logistique le long du Thouet, dans cette charmante bourgade du Maine-et-Loire. L’Anjou nous accueille.
Nous empruntons à présent une petite route pour nous diriger sur Saumur, à défaut d’emprunter la nationale 147 plus directe mais ô combien dangereuse pour nous modestes lilliputiens laborieux des grands axes.
Plus qu’une vingtaine de kms, soit une  heure de petite route de campagne. Nous touchons au but, descente sur le lit du fleuve que nous n’apercevons pas encore, un magnifique château nous accueille, nous sommes bien dans le val de Loire, fleuve royal, et ses innombrables magnifiques châteaux des 16-17èmes siècles principalement. Nous devons remonter un raidillon. Nous longeons une zone boisée, le terrain d’entraînement de l’école nationale d’équitation, peu après nous touchons au but et pénétrons dans l’agglomération Saumuroise.
L’hôtel de ville de St-Florent St-Hilaire est en vue, bâtiment moderne qui contraste avec les habitations environnantes de blanc tuffeau aux toits d’ardoises.
Nous y voici, il est 17 h30, coïncidence troublante, à quelques centaines de kms plus au sud, dans les Pyrénées, c’est exactement le moment que choisissent les coureurs du Tour de France pour arriver. De nature très discrète, nous souhaitons que notre arrivée ne soit pas médiatisée comme celle de ces alchimistes. Notre vœu a été exaucé !
Hélas pour nous, faut différer notre accueil à la mairie qui est prévu plus tard. Nous avons du faire exploser les chronos ! Faudra ralentir pour respecter les horaires patron !
Nous reprenons nos mécaniques écolos, direction le terrain de camping à quelques kms d’ici, et reviendrons plus tard.
En revanche, on se souviendra de cet ultime tronçon composé de côtes courtes mais sacrebleu, bien pentues, qui le deviennent davantage avec la fatigue accumulée dans les gambettes durant cette journée. Mais cela n’empêche pas certains de se livrer encore à de facétieuses joutes, n’est-ce pas les Loïc, Jean-Pierre et Jean-Noël ? Ces grands enfants sont décidément incorrigibles!

Enfin nous touchons au but, un magnifique camping 3 étoiles où nous passerons la nuit. Chouette endroit qui domine la vallée de la Loire qui coule en contrebas. En cette période d’étiage, des jards (bancs de sable) apparaissent. En toile de fond à droite, en amont, le magnifique château de Saumur construit sur un promontoire rive gauche, veille sur la ville et domine l’un des tous derniers fleuves sauvages d’Europe, qui à cet endroit forme deux bras qu’enlace une des nombreuses îles boisées, formées dans le lit du fleuve.
Mais pas le temps de s’extasier devant le panorama offert. Nous avons l’installation du bivouac à faire, nous rafraîchir, et redescendre sur St-Florent St-Hilaire où nous sommes attendus. Mais cet aller et retour se fera en voiture, ouf ! Sauvés ! Les guerriers ont eu peur de devoir reprendre leur vélo.

Et en effet, l’accueil dans cette région viticole a tenu toutes ses promesses et méritait que l’on revienne. Avec délicatesse, par des autochtones, nous ont été servis différents crémants tous plus meilleurs les uns que les autres; ah, douce France, quand on pense que tu te fais envahir lentement mais sûrement par des termites, à qui précisément la religion interdit d’apprécier ces délicats produits de cette terre bénie par le créateur. Quel paradoxe ! Dommage, et votre rédacteur ne va pas se priver de ce moment de bonheur pour déguster ces différents  flacons proposés avec tant de gentillesse, il serait offensant  pour nos hôtes de refuser leurs produits. Il n’est d’ailleurs pas le seul à goûter, déguster, re-déguster… mais encore une fois, on ne vise personne, cette feuille de chou doit rester discrète, n’est-ce pas Jean-Pierre, Tonton… ?
Toute bonne chose a une fin, nous devons nous retirer avec regrets. Nous prenons congé, non sans que Monsieur le Maire ne nous offre des bouteilles de Crémant… ce serait vraiment bien qu’ils organisent un rassemblement !
Retour à notre camping grand luxe, et place à nos joyeuses agapes habituelles de fin de journée, cette logistique alimentaire et bachique nous est encore généreusement offerte par Martial, aidé par son fidèle Francis dans la préparation des grillades/saucisses. N’est-ce pas Francis, tu maitrises plus une paire de brochettes qu’une paire de pédales dans les montées ?
Merci petit Jésus, nous avons le ventre bien rempli, au lit maintenant, demain les vacances se poursuivent avec 130 kms de plat, le long de la Loire, le bonheur ! Et c’est sous un ciel étoilé que nous allons rêver, sans cancrelats, bonne nuit les petits, pam, pampampam, pam, pampampam…

Bilan de cette belle journée pour les adeptes de statistiques ou pour mettre à jour votre journal de cycliste, 170 kms ont été parcourus à la moyenne de 23,5 kms. Désolé, vous ne connaîtrez pas la dénivellation globale de cette même distance, mes primes ne m’ont permis que l’achat du compteur simple, faudra attendre que j’aie de meilleures performances et un meilleur rendement pour mériter d’un tel compteur m’a confié le président, mais chuuuttt, je ne dois rien dire.

 

DEUXIEME JOURNEE
Cap à  l’ est

Quelle douce nuit le long de la Loire, je comprends pourquoi la monarchie a choisi un tel endroit. Ce matin grasse matinée jusqu’à 7 heures, notre omnipotent Président est trop bon (ben ouais, obligé de verser dans la lèche si j’veux un beau compteur avec calcul de la dénivellation, puisque les perfs seront insuffisantes). Néanmoins, à cette heure matinale, il n’y a guère que des  amicalistes  pour errer dans les travées du camping encore endormi.
Un soleil naissant nimbe le château d’une légère brume qui s’élève du fleuve majestueux : cela respire la tranquillité comme dans un décor de conte de fées, je ne verrai pas la Belle au Bois Dormant venir à ma rencontre, non je me contenterai de petits garennes qui occupent en nombre le camping, et qui détalent sans hâte en agitant leur blanc derrière; ils doivent sentir que je n’ai pas de collets à leur offrir en guise de colliers.
Petit déjeuner convivial dans ces agréables effluves de café qui flottent dans l’air.
Tiens, Claude joue aux coquets et présentateur de collections, hier il était sponsorisé par Look, aujourd’hui c’est Shimano, pppffffttt, il a du en toucher des primes de course ! Alors demain, ce sera Estano, non Estono,  Estana ? Moi, c’est quetchua en peau de lama retourné pour rester fidèle aux indiens andins.
Trêve  de considérations vestimentaires, 8 heures c’est l’heure du départ; non, raté, faut encore attendre quelqu’un ? Cette fois c’est Madame la Présidente… ben oui, les privilèges ne sont pas abolis ; mais comme ce journal ne veut pas ressembler à un mémoire de commérages, je n’épiloguerai pas. Néanmoins Président, faut resserrer les boulons, le MLF ne doit pas s’installer chez nous !

Enfin c’est parti, tous les avatars reprennent la route. La météo est prometteuse, l’ambiance est à l’image de celle-ci. A peine 30 lieues (Rabelais est un p’tit gars du voisinage- Chinon) à pédaler mordiou, pas d’quouais fouetter un ragondin de Loire. Que du plat en perspective, merci Président super efficient (ah, faut qu’il me le paye mon super chrono avec dénivelés partiels, cumulés sur la demi-journée, journée, deux, trois jours !).
Retour sur St-Florent, nous récupérons Jacky qui nous a snobés pour dormir à l’hôtel, puis c’est la traversée de Saumur, pour rejoindre le bord de Loire que nous allons suivre pendant un bon moment sur notre gauche. Mais en quittant cette belle ville ligérienne, nous passons au pied de la butte où a été érigé son château. Le tufeau, sa pierre locale de construction, est encore plus blanc, éclairé par les rayons du soleil de ce début de journée. Hélas nous ne l’apercevons que brièvement entre des bâtisses, des arbres. Nous passons devant une célèbre maison de crémants de Loire – Gratien-Meyer, vu la beauté des lieux, ils ne semblent pas touchés par la morosité de certains vignobles gaulois. Nous n’avons pas le temps de nous extasier, et nous filons sur Souzy-Champigny, un nom que les pinardiers connaissent bien. Puis Montsoreau, où a été tournée une série télévisée. Nous passons devant des habitations troglodytiques habitées, creusées dans cette petite falaise parallèle au cours du fleuve; également des champignonnières, nous n’en verrons que les panneaux annonçant leur présence, car  aussi creusées dans la roche.  Elles fournissent une part importante du marché du champignon de Paris.
Petite bévue dans l’itinéraire, emportés par notre élan, nous ratons la route qui continue à longer le bord de Loire, pour suivre celle qui longe la Vienne, rien de grave ça reste toujours une histoire d’O, pardon,  d’eau. Cela se traduit par une dizaine de bornes en sus, mais il le fallait bien pour ne pas arriver trop tôt cet après-midi. Seul bémol, les voitures suiveuses elles ne suivaient plus, au grand dam de Nicole qui croyait avoir perdu son doux seigneur Ronchon, et se voyait déjà veuve. Mais comme dans ces foutus films amerloques,  il y a toujours une happy end,  nous nous retrouvons pour continuer, regroupés, l’ire passagère étant refoulée.
Pour Jean-François, pas de problème, il profite d’arrêts pour recoller ou prendre un peu d’avance, mais tout baigne. Allez Tonton, je sais ce que je mettrai dans ma gourdasse l’année prochaine !

De l’Anjou, nous basculons en Touraine, le jardin de la France, celui qui a sorti cette formule ne devait pas connaître le marais et ses mogettes ! Et après avoir franchi la Vienne, nous retrouvons notre route et la rive gauche, à la hauteur de Bourgueil, là-bas au loin après la Loire. Par prudence, le président préfère que l’on évite cette bourgade, paraît qu’y’a des chais qui pourraient détourner notre concentration et nous disturber, plus particulièrement votre rédacteur, encore lui !
A défaut de culture vinicole, nous nous contenterons d’apprécier et d’admirer les célèbres châteaux de la Loire. Après celui de Saumur, c’est au tour de Rigny- Ussé, dit le château de la Belle au Bois Dormant, conforme à l’idée d’un de conte de fées..
Les kilomètres s’égrènent au compteur. Il fait bon rouler, pas de vent ressenti. La matinée s’écoule, peinarde, une sortie pour le quatrième âge en somme. Pas de côtes pour scinder la troupe. Pas d’incidents notoires hormis les p’tiotes crevaisons habituelles dont font les frais Loïc, Michou, pardonnez si j’en oublie.

Pour le déjeuner, nous squattons une partie de l’aire  à Villandry, encore un joyau parmi ces châteaux renommés. En fait, si celui -ci est réputé, il l’est surtout plus pour ses superbes jardins que pour son architecture, qui pourtant ne manque pas de cachet. Malheureusement une haie des plus denses ceinture l’endroit et empêche toute intrusion visuelle sur ces parterres fleuris.
Tant pis, à défaut de nourriture spirituelle, nous nous contenterons de nos sandwichs et profiterons au moins de cet endroit enchanteur. Les touristes sont encore là, tant mieux pour notre économie tellement mise à mal dont les devises étrangères sont les bienvenues .
75 kms dit mon compteur avec son unique fonction de base ! Je calcule la moyenne avec le temps global moins les arrêts, les ralentissements, rajoute un coefficient de pénétration dans l’air…. Euréka,  nous avons fait la distance à 23, 5 de moyenne ! P….. j’l’aurai mérité mon chrono avec les dénivelés.

Petite siesta :

C’est reparti plus qu’une cinquantaine de kms, les vacances continuent !
Ah, nous voici aux portes de Tours. Boulgui, boulgua… ? Par où on passe ? Par le centre, le nord, le sud, on remonte le fleuve par ses gués ? Allez, on fonce, vent du c.. En avant toutes !
Ah bigre, dans l’agglomération tourangelle une partie des forces vives n’est plus là. Bon tant pis, on continue.
L’avant-garde ainsi malencontreusement constituée continue de rouler jusqu’à  Montlouis, à la sortie de Tours.
Les uns décident de faire un crochet par le centre, situé en haut d’une belle butte, faut le rappeler, tout le monde n’aura pas eu ce plaisir de se faire cette difficulté hors programme.
Et c’est précisément en reprenant la route prévue après ce détour que St-Hilaire le rédempteur permet à tout notre joli monde de se retrouver ?! Ouf  quelle chance !
Petite pénitence, c’est au tour de Gégé d’avoir une petite crevaison, les yeux fermés c’est réparé.
Traversée d’Amboise, nous passons au pied de son magnifique château qui surplombe presque la Loire, encore un.
On repasse sur le 50/15 pour se lancer sur la digue appelée la levée qui longe la Loire, son but est de protéger la plaine des caprices du fleuve dans ses grandes inondations, on descend sur le 50/11. Puis comme on se sent particulièrement euphorique, un léger vent de dos nous pousse, on monte sur le 52 dans un premier temps.
Même pas le temps de ralentir avec l’élan, pour méditer sur l’accident opposant une voiture et un motard : grave, au vu de l’état de la voiture et le motard qui gît inconscient à l’écart de la chaussée. Des ambulanciers s’agitent autour de lui.

Mais nos mousquetaires n’en ont cure, le nez dans le guidon, les fesses tournées vers la Mecque (enfin pas tout à fait, retenir seulement la position), ils éperonnent encore plus leur monture, ils sont  sur le 54/10 ! Ils provoquent alors une fission vélocipédique, Francis, Guytou, Michou se retrouvent rejetés sur les bancs de sable.
Ils affolent les compteurs, (sans dénivelés), mais comme ce n’est que du plat, aucune importance ! Mais qui sont ces snipers du peloton, et ben j’vais vous le dire : Philippe (Mathé), judas ! Bien sûr le trublion patenté, Jean-Pierre, toujours dans les coups foireux ; Loïc, même pas venu demander l’autorisation au Conseil Supérieur des Anciens de l’Amicale, impoli ! En plus c’est lui qui a lancé cette échappée, relayé par Jacky, voilà le remerciement de l’invité ! Enfin Claude, même remarque que le jeunot, les deux beaux-frères seraient-ils impatients d’arriver pour retrouver leur douce compagne ?
Ah, Jojo, comme tu te serais régalé dans ce contre la montre par équipe, que du plat, vent favorable, qui dit mieux ? !
Et dans le désordre et l’anarchie nous arrivons à Chaumont sur Loire à 18 heures. Nous bouclons ainsi notre seconde  étape avec 136 kms au compteur et une moyenne toujours au beau fixe de 23,5, chiffre arrondi. Les francs-tireurs sont la à nous attendre depuis une demi-heure, hilares, tandis que les nécessiteux de la paroisse arrivent à leur tour, satisfaits d’en avoir fini pour la journée ; et tout le monde il est content une fois de plus. Y’a p’t’être que le rédacteur qui ne l’est pas, mais comme c’est sa seconde nature et qu’il l’a  dans les gênes, connaissant sa propension pour la dive bouteille, tout  ira mieux vers 19 heures.
Dans cette attente nous découvrons notre nouvelle demeure pour la nuit.  Nenni, ce ne sera pas le château, encore un magnifique édifice qui domine le fleuve, rive gauche. Pour les gueux ce sera le camping, les toiles de tente et leur chariotte ambulante pour notre hobereau et sa gente dame, Claude et le Sieur de Spar  de Saint-Hilaire des Deux-Sévres. Nous avons même des douches chaudes, quel gaspi, alors que l’eau courante du fleuve des rois est à quelques coudées.
La Loire s’étale donc devant nous, à quelques mètres, peu profonde, sauvage, libre, ses eaux frémissant sur un gué. Heureusement que nous sommes en été, l’hiver, l’endroit est  fréquemment recouvert par leur montée, libres de toute retenue, hormis très loin en amont, dans le Massif Central.
Enfin en cas de crue inopinée, pas d’inquiétude nous dit le président qui a pensé à tout, à défaut d’un gilet de sauvetage ou d’une bouée petit canard, nous pourrons utiliser nos matelas pneumatiques ; important, les gonfler à sept bars pour supporter le vélo aussi, car la mission c’est la mission et ne doit jamais être interrompue, dixit notre efficient président.
Le réconfort se dessine pour Philippe (le Sansunois) et Claude, les deux belles-sœurs arrivent. Corine et Françoise, ou Françoise et Corine ? Je ne connais pas leur hiérarchie. Quel soulagement, elles vont pouvoir faire la lessive de leurs chaussettes, équipements de ces deux journées d’effort, astiquer les jantes, ils reprennent des couleurs.
Pour les célibataires, purs et d’un soir, faut retrousser les manches et aller frotter.
Les ablutions ou la lessive pour nos champions, pendant ce temps nos dévouées logisticiennes préparent la table et la tambouille
Et une petite mousse pour attendre le grand moment ! C’est vrai, ça va déjà beaucoup mieux !

Ce moment tant attendu arrive, au doux son des bouchons de péteux (autre appellation populaire des vins pétillants- présentement ce sont les bouteilles de crémant gentiment offertes hier à St-Florent St-Hilaire que l’on sabre)  qui montent au ciel. Nos voisins britanniques qui ont pavoisé   ostensiblement leur campement de l’Union Jack (leur drapeau national) doivent encore méditer que dans le camp gaulois d’à côté, les frenchies pensent qu’à festoyer. Habitués à peu manger le soir, nous ne serons pas ingrats,  ils pourront profiter de toutes ces bonnes effluves de saucisses grillées qui se répandent dans l’atmosphère de cette douce soirée d’été.
Après le liquide nous enchaînons sur le solide, accompagné tout de même d’AOC de diverses régions. Faut favoriser le transit, n’est-ce pas ?
Comme chaque soir, on  ressasse le déroulement de la journée, l’ambiance est d’autant plus festive, bouteilles aidant, que le plus important de l’épreuve a été fait, et ce dans de très bonnes conditions. La météo cet après-midi menaçante, nous a épargnés. Seule une averse nous a précédés, mais sans conséquences. Certes, il y a eu l’incertitude de s’être perdus avec la traversée de Tour, d’où une perte de temps à s’attendre, mais par chance tout s’est bien terminé.
A présent chacun rejoint ses pénates pour un repos bien mérité… Tiens, Jean-Pierre semble vraiment très, très fatigué ?! Sont-ce les kms qui l’auraient à ce point affaibli ? Où le péteux, mais là encore, nous ne dirons rien, tout ceci doit rester confidentiel, et vous pouvez compter sur le narrateur, qui comme d’habitude, sera muet comme une troupe de mouettes ; mais il n’était pas seul dans ce cas, quel était l’autre boissanssoif ????  Wanted !        
Voilà l’utilité d’être le rédacteur.


ULTIME JOURNEE

Vient le temps des  cerises
   
Samedi, l’arrivée est présente dans tous les esprits et se profile à l’horizon. C’est imagé bien évidemment car dans ce pays plat des bords de Loire, l’horizon se bute aux premiers peupliers à 200 mètres de nous.

Dans l’immédiat un dernier petit déjeuner nous est préparé par nos fidèles compagnes toujours avec la même sollicitude.  Les tentes sont repliées. Un ciel éclairé nous prédit le dernier tronçon sous les meilleurs hospices. 70 kms restent à parcourir. Nous nous élançons
avec un peu de retard et ne respecterons pas les 8 heures prévues. En d’autres temps c’était passible de 20 kms de plus, nous sommes vraiment dans un monde décadent !
La physionomie du peloton a  changé, les tandems se joignent à nous. Nicole et Patrick unis dans la vie, le sont à nouveau jusque sur deux roues, c’est beau l’amour ! Itou pour Marie et Michel, on  a les yeux qui se mouillent d’émotion. Maryse prudemment préfère attendre des jours meilleurs… au grand soulagement de son Coco.

Petit raté au démarrage, hésitation de Maryse au volant ou incompréhension du vélo qui suit ? Loïc, car c’est de lui qu’il s’agit  est juché sur celui-ci,  les pieds bien serrés dans ses chaussures, qui elles-mêmes sont bien crochetées aux pédales, surpris par cette manœuvre intempestive, n’ayant pas révisé l’éjection rapide des pédales en cas d’urgence, se retrouve le nez sur le goudron … mais mea culpa dira-t-il, étant bien élevé le jeunot, il ne pouvait qu’en être responsable ! La présidente doit absolument être lavée de tout soupçon.
Bref le vélo n’a rien, c’est l’essentiel, et la croisière continue de s’amuser. En fait le  Loïc, ce p’tit futé, voulait-il seulement tester la résistance de sa machine...  Heureusement, aucune gravité. Le cavalier et sa monture se portent bien et reprennent la route. Resterait-il quelques buées du crémant de la veille ?

On longe le Beuvron, petite rivière courante  aux eaux claires. Un héron figé  dans le courant attend  patiemment qu’un  poissonnet  candidat au suicide passe à portée de son bec acéré.
A Candé-sur-Beuvron un chouette pont fleuri enjambe la rivière. L’endroit est charmant avec son auberge ; son petit jardin en terrasse avec ses bancs surplombe l’onde transparente où ondulent des herbiers au gré du courant.
Pas le temps de s’extasier, on s’écarte de notre tracé. On descend une descente (je sais, on descend pas une montée ! Mais ça aurait pu être de vélo pour la pause, y’en a qui n’ont toujours pas digéré le crémant !) à la sortie du village … c’est la cata ! Ce n’est pas la bonne route, faut rebrousser chemin et refaire cette descente devenue redoutable côte pour les tandems. Nom de d’la ! Ronchon en a la moustache qui en frémit de contrariété. Au poil ! Sur ce coup la, le président aura intérêt à demander pardon, un whisky à la main. Autrement c’est la déchirure. !
Après ce petit hors d’œuvre, le rythme cardiaque est pris, on peut s’élancer pour de bon.
Nous dépassons Blois, apercevons le château où le duc de Guise, prétendant au trône de France, s’est fait refroidir ses prétentions à coups de dague dans le ventre. Nous sommes trop loin pour apprécier vraiment cette ancienne demeure royale et ne verrons pas la salamandre gravée dans la pierre, symbole de François 1er.
Décidément quel formidable patrimoine se trouve concentré sur ce fleuve ! Et nous n’en verrons pas les joyaux avec le somptueux Chambord et le délicat Chenonceau.
Le peloton s’étire de nouveau, qu’importe, les kms défilent. A mi-parcours, nous marquons une halte à St-Dyé-sur-Loire ; regroupement des forces vives, des véhicules logistiques et voitures suiveuses. Petites barres céréalières, dernières gâteries sucrées. Bigre à ce rythme, dans trois ans faudra demander une escorte à la gendarmerie avec fermeture de routes pour faciliter le passage de notre future caravane.

Christelle, à son tour, de voir Marie et Nicole toutes deux épanouies sur leur vélo, a des fourmis dans les mollets et franchit le cadre. La voici avec Francis sur un tandem tenu en réserve. J’ai l’impression de deviner un soupçon d’inquiétude dans  le regard de son doux seigneur…
Pas de panique à bord, aucun relief d’ici St-Mesmin, vas-y Francis, arrête de méditer sur ton triste sort et appuie sur les pédales !
Des vergers de cerisiers encore couverts de fruits nous annoncent que l’arrivée est proche.  Le retard de ce printemps permet exceptionnellement d’avoir des arbres encore très chargés en cette fin juillet.

Ultime regroupement, enfin nous touchons au but à midi pétantes. Nous sommes dans l’agglomération de cette ville d’Orléans, dans les rues de  St-Hilaire-St-Mesmin.

Dernière courbe, au sortir de laquelle nous apercevons la banderole toute proche du rassemblement des St-Hilaire. Ultimes coups de pédale de ces 72 kms sous les vivats des canaris  paludéens facilement  identifiables et  lointains participants venus à ce rassemblement,  massés à l’arrivée. Que cela fait chaud au cœur ! Toujours ces frissons que le passage sous une banderole !
Pour mériter cette ovation, nous avons parcouru 380 kms.  La météo qui les années passées, nous avait parfois gênés dans notre transhumance, s’est montrée des plus conciliantes.

Dernière obligation nous avons droit aux honneurs et le podium où nous est remis à chacune, chacun une médaille (19 au total !) sur notre petit torse gonflé de fierté. Plus tard cette breloque nous rappellera, outre la performance physique, ces délicieuses journées de franche camaraderie.  Cette fois tous les clones  de Coco sont sur le podium.
Noblesse oblige un trophée est remis au président, en plus de sa médaille ! Faudra attendre sa destitution  en 2030 pour prendre la place et mériter les honneurs à son tour.

A présent  nous pouvons nous  égayer parmi les convives et gagner les tables des guinguettes, goûter au réconfort après cette overdose d’heures de selle, découvrir les bords du Loiret, se préparer au cracher de noyaux… quel beau programme !
St-Hilaire St-Mesmin, petite bourgade de 3000 habitants de l’agglomération orléanaise et capitale de la cerise nous accueille.
Que la fête commence !

Jean Noël